Croissance en Chine: la fin d'un modèle
La croissance chinoise n'est plus ce qu'elle était. L’Empire du milieu, au cœur de l’économie mondiale, connaît depuis deux ans une croissance inférieure à 8%. Une performance tout à fait honorable vue de Paris ou de Berlin, mais loin des taux à deux chiffres des décennies précédentes.
La Chine souffre du ralentissement de l'économie mondiale: la baisse des exportations et la chute des prix de l'immobilier expliquent largement cet essoufflement. Mais cette mauvaise conjoncture cache aussi des défis plus structurels.
Depuis 2012, la population en âge de travailler baisse en raison du vieillissement. Le nombre d’actifs devrait même chuter de 40 millions d’ici 2030. Une personne sur quatre aura alors plus de 60 ans. Selon l’Académie chinoise des sciences sociales, la Chine comptera, en 2050, 400 millions de «seniors», soit un tiers de la population.
La deuxième puissance économique mondiale possède encore un réservoir de main d’œuvre bon marché, mais il n’est plus illimité et les salaires sont nettement orientés à la hausse. Déjà, des multinationales quittent le pays et déplacent leurs usines au Vietnam ou en Ethiopie. Dans ce contexte, la Chine doit augmenter les salaires pour faire émerger un véritable marché intérieur. Un changement de modèle qui s'annonce périlleux.
Vieux avant d'être riches
Cette nouvelle pyramide des âges est la conséquence de la politique de l’enfant unique décidée en 1979 par Deng Xiaoping. Cette politique malthusienne à évité 400 millions de naissances et permis «le grand bond en avant» de l’économie chinoise… Mais aujourd’hui, cette stratégie n’est plus tenable. Le taux de fécondité stabilisé à 1,6 enfant par femme ne garantit plus le renouvellement des générations. Le gouvernement à commencé en 2014 à assouplir son contrôle des naissances. Les villes se calquent sur les campagnes, avec la possibilité d’avoir dans certaines conditions un deuxième enfant.
Mais en 2060, la Chine ne comptera plus que trois actifs pour deux retraités et le pays doit commencer à se préparer à cette révolution culturelle des cheveux gris.
Le fond de l’air est gris
Autre grand défi à relever: l’épouvantable qualité de l’air, devenue la principale cause de mécontentement de la population. Elle serait à l’origine d’un million de décès prématurés chaque année, selon une étude publiée dans la revue médicale Lancet. Une pollution atmosphérique qui pèse sur la santé et la capacité productive des travailleurs.
Avec 1.8 milliard de tonnes de CO² émises chaque année, la Chine est depuis 2007 le premier pollueur du monde devant les Etats-Unis. 16 des 20 villes les plus polluées au monde sont chinoises, une pollution qui fait fuir les touristes, les étudiants et même les investisseurs obligés de réduire leurs séjours dans l’atelier du monde. La pollution de l’eau, quant à elle, affecte 70% des ressources fluviales du pays.
A Pékin, les autorités ont pris conscience de la gravité de la situation. Le président Xi-Jinping a sommé le parti et chaque province du pays à jeter les bases d’un développement plus durable. La Chine s’est engagée pour la première fois fin 2014, à stopper ses émissions de CO² à l’horizon 2030. A cette date, la Chine sera un pays vieillissant, très pollué et pas encore riche.
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