Cet article date de plus de sept ans.
Hong Kong: le système électoral favorable à Pékin s'essouffle-t-il?
La commission indépendante contre la corruption (Icac) de Hong Kong a révélé, le 3 avril 2017, une vaste affaire de fraude électorale lors du scrutin parlementaire de septembre. Après la récente désignation de Carrie Lam, la nouvelle chef de l'exécutif pro-Pékin, et l'échec de la contestation de 2014, les démocrates dénoncent toujours l'absence de réformes électorales.
Publié
Temps de lecture : 4min
Les élections au Conseil législatif de Hong Kong sont rarement entachées de fraude. Mais d'après l'Icac, 68 des 72 personnes arrêtées venaient tout juste d'être inscrites pour élire le député issu du secteur des technologies de l'information. Or, elles ne disposaient pas des qualifications requises pour voter. L'organe de lutte contre la corruption révèle aussi au quotidien South China Morning Post que certains électeurs auraient «accepté de l'argent», jusqu'à 1.000 dollars hongkongais (120 euros).
Quelques jours plus tôt, sans surprise, un comité de 1.194 grands électeurs, dont un quart seulement est issu du camp démocrate, désignait Carrie Lam à la tête de la Région administrative spéciale (RAS) de la République de Chine. La favorite de Pékin l'a emporté avec 777 voix contre 365 à son principal rival John Tsang. Ce dernier, considéré comme plus modéré, bénéficiait pourtant d'une meilleure cote de popularité qu'elle dans les sondages.
Une société divisée
«J'ai bon espoir que nous assisterons à une transition tout en douceur», a déclaré Carrie Lam, 59 ans, après une poignée de mains avec le chef de l'exécutif sortant Leung Chun-ying qui restera en place jusqu'au 1er juillet 2017. Rassembler la société hongkongaise tout en améliorant les relations entre l'exécutif et le Conseil législatif (Legco), telles sont les priorités de la nouvelle dirigeante qui a également promis de s'attaquer à la pauvreté et au coût exhorbitant des logements.
Les démocrates hongkongais accusent la nouvelle dirigeante de vouloir évincer les questions politiques gênantes pour Pékin dont ils redoutent un contrôle sur les affaires intérieures de l'île de plus en plus accru. Plusieurs incidents alimentent cette crainte, comme la disparition, en 2015, de cinq libraires qui se sont retrouvés en Chine continentale en état d'arrestation pour «activités illégales». Puis, en 2016, la disqualification par Pékin de deux députés indépendantistes fraîchement élus.
Le camp démocrate inquiet
La première femme a être élue chef de l'exécutif hongkongais aura fort à faire pour unifier un territoire semi-autonome, profondément divisé. Le camp démocrate lui reproche notamment d'avoir soutenu le projet de réformes politiques voulu par Pékin à l'origine de la contestation de 2014. Ce projet défendait la mise en place d'une élection au suffrage universel mais dont les candidats auraient été au préalable adoubés par le gouvernement central chinois. Ce que les députés du Legco avaient qualifié de «fausse démocratie» retoquant le projet.
C'est dans un contexte d'inquiétudes accrues pour les libertés de l'ex-colonie britannique, et dès le lendemain de la désignation de Mme Lam, qu'un militant démocrate de 28 ans, Alvin Cheng, a été condamné à Hong Kong à trois mois de prison pour outrage à magistrat. Il avait refusé d'obéir à un ordre d'évacuation d'un campement de manifestants dans le quartier commerçant de Mong Kok, sur la partie continentale de Hong Kong. Des quartiers entiers de la ville ont été paralysés par des militants ou de simples citoyens pendant plusieurs mois, sans que Pékin n'accède à leurs revendications.
Condamnations de militants
Un autre militant Au Yuk-kwan a quant à lui écopé d'une amende de 10.000 dollars hongkongais (1.200 euros) et un mois de prison avec sursis pour le même motif. Neuf autres meneurs de la «révolte des parapluies», âgés de 22 à 73 ans, ont quant à eux été inculpés et risquent jusqu'à sept ans de prison. Leur affaire a été renvoyée au 25 mai 2017.
Mme Lam, ancienne ministre des Affaires sociales puis du Développement avant d'être nommée secrétaire en chef du gouvernement hongkongais sortant, accèdera à la plus haute fonction de l'île le 1er juillet 2017. L'occasion pour le président chinois Xi Jinping, vingt ans jour pour jour après la rétrocession à la Chine, de faire le déplacement dans cette région
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.