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Le mandarin triomphe sur le continent africain

Les Chinois débarquent en force sur le continent africain. Et avec eux, leur langue, le mandarin. C’est le passeport qu’il faut posséder pour s’assurer l’entrée dans le monde des affaires. L’Afrique du Sud l’a déjà incluse dans son programme scolaire. Les centres culturels chinois ne désemplissent pas sur le continent. Certains peinent à répondre à la demande.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le chinois fait son entrée dans les programmes scolaires en Afrique. (capture d'écran ftvi/DR)

Selon les spécialistes, le mandarin est la 2e langue utilisée sur le web, après l’anglais. D’ici 2050, elle pourrait devenir la première langue du commerce à l’échelle mondiale. Aussi, elle est en passe de détrôner les autres langues étrangères dans plusieurs pays africains.
 
Au Zimbabwe, son apprentissage remonte déjà à la lutte de libération. Lorsque des combattants anti-apartheid recevaient une formation militaire en Chine dans les années 1960 et 1970. Ce pays est devenu forcément un laboratoire pour l’introduction du mandarin sur le continent noir.
 
Comme l’indique Afrique Renouveau, une publication du département de l’information de l’ONU, il est courant aujourd’hui d’entendre quelques expressions chinoises dans la capitale zimbabwéenne : «Ni hao» pour dire «bonjour» ou encore «ting bu» pour signifier «je vous entends, mais je ne comprends pas».

Une enseignante chinoise de mandarin devant ses étudiants sur le campus de l'université Saint-Louis au Sénégal (capture d'écran ftvi/DR)

Des enseignants locaux du chinois
La promotion de la langue et de la culture chinoise sur le continent a été confiée à l’institut Confucius, du nom d’un philosophe chinois. Un laboratoire de langue chinois lancé en 2004 par Pékin depuis le Kenya. Sa mission principale est de former des enseignants locaux du mandarin.
 
Aujourd’hui, l’université du Zimbabwe qui a accueilli ce programme est prête à exporter l’excédent d’enseignants formés par ses soins, vers d’autres pays du continent. Et les demandes sont nombreuses. «Vous n’avez pas besoin d’être prophète pour deviner qui sera le plus important employeur dans les années à venir», fait remarquer Clarence Makoni, linguiste zimbabwéen sur le site d'Afrique Renouveau. Et de préciser que «ceux que nous formons sont aussitôt arrachés par les entreprises dès la fin de leurs formations. Et ils sont très bien payés.»
 
Le gouvernement du Zimbabwe n’a pas encore intégré le chinois dans le programme national des écoles primaires et secondaires, contrairement à son voisin sud-africain.
 
Une étudiante porte la panoplie traditionnelle chinoise à l'occasion du premier anniversaire de l'Institut Confusius de l'université du Ghana (Capture d'écran ftvi/DR)

«Le Chinois, ça fait bien sur un CV»
Dès l’année 2016, les élèves sud-africains pourront choisir le mandarin comme seconde langue étrangère. La Chine est le plus grand partenaire commercial de Prétoria. Tout est fait pour faciliter le contact avec les hommes d’affaires de l'ancien Empire du Milieu. Le chinois, ça fait bien sur un CV pour les offres d’emploi, entend-on à l’école chinoise de Prétoria.
 
Les pays francophones ne sont pas en reste. C’est le cas au Cameroun où les cours de chinois font le plein, rapporte Infos Sud. Selon le directeur de l’Institut Confucius de Yaoundé, plus de 30.000 étudiants ont déjà été formés. Businessmen, cadres de l’administration centrale, professionnels du secteur privé… les professeurs sont submergés.
 
Au Ghana, au Sénégal comme à Djibouti, des jeunes rejoignent massivement les centres culturels chinois. Tout le monde a compris que Pékin est devenu le premier partenaire commercial du continent. En 2013, le commerce entre l’Afrique et la Chine était estimé à 210 milliards de dollars. Ce montant devrait doubler d'ici 2020.

Les entreprises chinoises affluent sur le continent. Les chantiers fleurissent. Il faut parler un peu de chinois pour espérer un contrat de travail. De quoi susciter l'entousiasme des jeunes Africains qui apprennent le mandarin. 
 

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