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Massacre de la place Tiananmen : des familles demandent au président chinois de "réhabiliter" les victimes

Vingt-neuf ans après la répression du mouvement pro-démocratie place Tiananmen à Pékin, les familles des victimes exhortent le président Xi Jinping à regarder la vérité en face. 

Article rédigé par Dominique André, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une famille chinoise sur la place Tiananmen à Pékin. (NICOLAS ASFOURI / AFP)

"Alors que nous sommes au soir de notre vie, nous espérons assister un jour, avant notre mort, à la réhabilitation de nos proches", écrivent les mères des victimes de la place Tiananmen. Le sujet est banni des livres d’histoire, et pourtant en sondant les Pékinois dans la rue, certains savent bien ce qui s'est passé. Pas tous, mais la mémoire est là.

Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, Deng Xiaoping, l'homme de l’ouverture économique de la Chine, donne l’ordre d'évacuer la place Tiananmen où des milliers d'étudiants se sont rassemblés pour demander la démocratie. L’armée tire sur la foule, le bilan de cette nuit de répression pourrait être de plus d’un millier de morts.

"Tout le monde est au courant !"

Madame Zhang qui a 71 ans aujourd'hui se souvient de cette nuit d'horreur. "C'était rempli de monde place Tiananmen. Bien sûr qu'il y a eu un massacre, des gens sont morts sur la place, tout le monde est au courant ! Je suis passée à vélo sur l'avenue à côté de la place. Il y avait des traces de sang au pied des lampadaires, des impacts, des trous de balles dans les murs. J'ai vu des chaussures qui traînaient partout."

Cette page sombre de l’histoire contemporaine de la Chine n'est pas enseignée. Mais mademoiselle Li, jeune commerciale de 24 ans, considère qu’il est temps d’ouvrir les archives. "Notre société s'est bien développée aujourd’hui, ce n'est pas la peine de cacher encore ce qui s'est passé. Il faut le considérer comme un fait du passé."

Toujours un tabou

Le sujet est tabou pour d’autres qui ne veulent pas prendre le risque d’en parler dans la rue comme ce jeune homme, Mr Liu : "Je ne connais pas grand-chose à l’Histoire, on est des gens de province qui travaillent à Pékin. Ça ne nous regarde pas l’Histoire de Pékin et du pays. Qu'est-ce que ça peut nous faire ? Peut-être qu’on n'est pas assez cultivés pour connaître l'Histoire."

Le 29e anniversaire inquiète les autorités chinoises car il coïncide avec le premier anniversaire de la mort de Liu Xiaobo. Le prix Nobel de la paix et figure de la place Tiananmen en 1989 s'est éteint, malade d’un cancer non soigné en prison. Son épouse, la poétesse Liu Xia, est en résidence surveillée et attend de pouvoir quitter la Chine.

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