: Vidéo Comment Taïwan utilise les puces électroniques comme bouclier face à la Chine
"Attaquer Taïwan créerait une crise économique planétaire sans doute bien plus grave que celle créée par la guerre en Ukraine." La mise en garde est claire. Elle est signée Joseph Wu, ministre des Affaires étrangères taïwanais, dans un documentaire diffusé dimanche 7 mai sur France 5*. Et ce alors que les tensions entre cet archipel de près de 24 millions d'habitants et la Chine s'intensifient dangereusement, laissant entrevoir la possibilité d'un grave conflit. Taïwan, nation interdite, réalisé par Wandrille Lanos, retrace l'histoire douloureuse de cette île, détaille la pression que l'Etat chinois exerce sur Taïwan afin de l'annexer et révèle comment cet Etat tente de se servir de l'excellence de sa technologie comme rempart contre sa réunification avec l'empire du Milieu.
Depuis des mois, un ballet incessant d'avions de combat et de navires de guerre chinois virevolte dangereusement autour de Taïwan, afin d'intimider cette île qui s'accroche farouchement à son indépendance, alors que la Chine la convoite depuis 1949. A l'époque, les communistes menés par Mao Zedong renversent le gouvernement du parti nationaliste Kuomintang, s'emparent du pouvoir à Pékin et proclament la République populaire de Chine. L'exécutif, avec à sa tête Tchang Kaï-chek, grand rival de Mao, s'exile sur l'île de Taïwan et y installe la République de Chine, avec l'appui des Etats-Unis. La rupture avec Pékin est consommée.
Plus de soixante-dix ans plus tard, le désir de réunification est porté haut et fort par le dirigeant chinois Xi Jinping, qui n'a jamais fait mystère qu'annexer cette île du Pacifique était pour lui fondamental afin de restaurer la pleine souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine. Mais cette ambition de puissance hégémonique se heurte, depuis 2016, à la présidente taïwanaise Tsai Ing-Wen, très proche des Etats-Unis, raison pour laquelle des manœuvres militaires chinoises s'intensifient autour de l'archipel.
Une suprématie née au début des années 1980
L'indépendance qu'espèrent conserver les Taïwanais s'appuie sur une arme de poids : leur monopole dans la fabrication des puces électroniques qui font battre le cœur des ordinateurs, des téléphones, des voitures, des armes, des avions, des trains, des micro-ondes... "Taïwan joue un rôle très important dans l'économie mondiale. Nous produisons 60% des puces pour les ordinateurs du monde entier. Et dans le cas des semi-conducteurs de dernière génération, nous en produisons 90%", affirme ainsi Joseph Wu.
Une suprématie plutôt récente dans ce domaine puisque ce n'est qu'au début des années 1980 que l'archipel s'est lancé dans la fabrication de microprocesseurs. "Il y a cinquante ans, on n'en fabriquait pas à Taïwan, confie dans le documentaire Wu Chih-i, vice-président de recherche pour la technologie industrielle à Taipei. Donc il nous fallait le soutien de pays étrangers. Nous avons cherché des partenaires pour faire des transferts de technologie et ça a été le début de cette industrie. Après ça, nous avons pu développer notre propre technologie, recruter des ingénieurs et des équipes de recherche, localement, ici à Taïwan."
Une île économiquement incontournable
Le gouvernement de l'époque fait alors construire, à quelques kilomètres de la capitale taïwanaise, un parc sur le modèle de la Silicon Valley américaine et, en quelques années, l'île devient leader mondial dans la fabrication de semi-conducteurs. Une valeur devenue stratégique pour exister sur la scène internationale. La pénurie de ces matériaux au moment de l'épidémie de Covid-19 avait fragilisé les industries du monde entier et poussé certains pays, conscients de leur trop grande dépendance vis-à-vis de Taïwan, à lancer leur propre production. Mais l'expertise des Taïwanais dans ce domaine est si pointue qu'elle demeure prédominante face aux autres nations. Si la Chine venait à envahir par la force Taïwan, cela toucherait inévitablement la production de ces puces électroniques, dont le Céleste empire est également dépendant, et déstabiliserait durablement l'économie mondiale.
* Le documentaire Taïwan, nation interdite, réalisé par Wandrille Lanos, est diffusé dimanche 7 mai sur France 5 à 20h55 et sur france.tv.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.