Cet article date de plus de huit ans.
Corée du Nord: la Chine, sa seule alliée de poids
Malgré le tollé international, la Chine n’a fait que «regretter» le lancement, le 7 février 2016, d’une fusée nord-coréenne, considéré par l'ONU comme un tir de missile déguisé Pékin s’est une fois de plus opposé à une sanction ferme à l’encontre du régime nord-coréen. Mais ce soutien chinois s'émousse bien qu'il soit maintenu pour des raisons stratégiques.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le Conseil de sécurité de l'ONU se demande comment réagir aux dernières «provocations» nord-coréennes. Dans le même temps, Washington comme Séoul font pression sur Pékin pour qu'elle adopte une attitude plus ferme face au programme d'armements nucléaires nord-coréens, strictement interdit par l'ONU.
Relations historiques sino-nord-coréennes
Mais la Chine ne bouge pas car elle redoute qu'une chute du régime de Pyongyang ne provoque un flot de réfugiés nord-coréens qui franchirait la frontière terrestre entre les deux Etats, longue de 1300 kilomètres. D'autant que cette région frontalière est peuplée, côté chinois, par de nombreuses familles originaires de Corée.
L'appui de la Chine envers la Corée du Nord remonte à la guerre de Corée, en 1950, qui a conduit à la séparation entre le Nord et le Sud. Depuis, Pékin n'a cessé d'offrir un soutien politique et économique aux leaders nord-coréens: Kim Il-sung (1912-1994), son fils Kim Jong-Il (1941-2011) et le fils de ce dernier, Kim Jong-Un, âgé de 33 ans.
Besoin d'un «Etat tampon»
Autre raison qui explique ce soutien: la Corée du Nord sert d'«Etat tampon» entre la Chine et la Corée du Sud démocratique, alliée de Washington, où l'armée américaine est très implantée avec près de 30.000 soldats.
«En dépit du caractère erratique des Nord-Coréens et des nombreux problèmes posés par leurs agissements, Pékin a stratégiquement besoin d’un Etat tampon, explique dans Libération Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Elle n’est évidemment pas satisfaite d’une Corée du Nord qui se donne les moyens de ne pas être totalement dépendante de Pékin. Mais elle redoute plus une Corée réunifiée avec une péninsule sous influence américaine si le régime du Nord devait s’effondrer.»
Plus gros partenaire commercial
Si Pékin est le principal partenaire diplomatique de Pyongyang, il est aussi son plus gros partenaire commercial. A lui seul, il lui fournit 90% des approvisionnements énergétiques (hydrocarbures), 80% de ses produits manufacturés et 45% de ses besoins alimentaires, selon L'Express. Malgré tous ces efforts, la Chine ne parvient pas à contrôler son voisin nord-coréen, méfiant à son égard, ajoute l'hebdomadaire.
Les relations bilatérales se sont tendues depuis que la Corée du Nord persiste, contre l'avis chinois, à mettre en œuvre son programme nucléaire. «Nous ne voulons pas d'escalade des tensions, mais si les pays concernés persistent sur cette voie, nous sommes incapables de les en empêcher», a déclaré un porte-parole chinois, le 3 février 2016.
Les relations bilatérales se sont tendues depuis que la Corée du Nord persiste, contre l'avis chinois, à mettre en œuvre son programme nucléaire. «Nous ne voulons pas d'escalade des tensions, mais si les pays concernés persistent sur cette voie, nous sommes incapables de les en empêcher», a déclaré un porte-parole chinois, le 3 février 2016.
Le système THAAD «préoccupe» la Chine
Si Pékin a réagi mollement au dernier tir de fusée nord-coréen, il s'est dit en revanche «profondément préoccupé» par la reprise de pourparlers entre Washington et Séoul sur le déploiement, en Corée du Sud, d'un système de défense antimissiles américain (THAAD).
Caractéristiques du système de défense anti-missile américain THAAD #AFP par @AFPgraphics pic.twitter.com/hHPVZhJbTZ
— Agence France-Presse (@afpfr) February 10, 2016
Le système THAAD est en service depuis 2008, année où Pyongyang s'était retiré des négociations à six (Chine, Etats-Unis, Japon, Russie et les deux Corées) sur son programme nucléaire.
Réchauffement de façade
En octobre 2015, la venue à Pyonyang d’un haut dignitaire du Parti communiste chinois pour assister aux côtés du leader nord-coréen Kim Jong-un au défilé militaire du 70e anniversaire du Parti des travailleurs avait envoyé au monde entier un signe de réchauffement des relations sino-nord-coréennes, selon Courrier international.
Et l'hebdomadaire de citer le quotidien sud-coréen The Chosen Ilbo qui souligne que «ces relations n’ont fait qu’empirer depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en mars 2013», rappelant qu’un mois après la prise de fonction de M.Xi, la Corée du Nord lançait des essais nucléaires, «en dépit des efforts déployés par la Chine pour l’en dissuader».
La Chine a intérêt à «garder cette image de pays responsable et à maintenir la tête de la Corée du Nord hors de l'eau en lui offrant une aide a minima», explique Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Iris. Pékin évite ainsi qu'un effondrement de la dictature nord-coréenne ne permette l'avènement d'une Corée réunifiée alignée sur les Etats-Unis, perspective qui lui est plus intolérable encore que l'entêtement nucléaire nord-coréen.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.