Les nouvelles sanctions prises contre la Corée du Nord auront-elles un effet ?
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité un huitième train de sanctions contre la Corée du Nord, mais les experts sont sceptiques quant à l'impact immédiat de cette mesure.
Les sanctions ont été édulcorées par la Chine et la Russie. Lundi 11 septembre à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité une résolution contre la Corée du Nord, après un essai nucléaire le 3 septembre. Le texte interdit notamment les exportations de textile de la Corée du Nord, réduit les approvisionnements en pétrole et prévoit un embargo sur les livraisons de gaz. Saluées par les pays occidentaux, ces mesures auront peu de chances d'influer sur la politique nucléaire du dirigeant du pays, Kim Jong-un.
"Un feu rouge pour la croissance nord-coréenne"
Les Etats-Unis avaient au départ demandé un embargo pétrolier total. La Chine, principal soutien de Pyongyang, s'y est fermement opposée. La Corée du Nord a très peu de ressources pétrolières et dépend de ses importations. Néanmoins, la résolution prévoit de limiter les livraisons de produits raffinés à deux millions de barils. Si Pékin ne publie pas de chiffres sur ses exportations vers la Corée du Nord, le département américain de l'Energie estime à 2,2 millions de barils les importations nord-coréennes.
"Cela constituera un feu rouge pour la croissance nord-coréenne, estime Cheong Seong-Chang, de l'Institut Sejong de Séoul, en Corée du Sud. Mais cela n'aura pas d'impact sur l'armée parce que les livraisons de brut demeureront les mêmes", ajoute-t-il. Dans le même temps, l'interdiction des exportations de textiles, qui a fait consensus, pourrait priver la Corée du Nord d'une importante source de devises étrangères. "Le textile est une des principales exportations de Corée du Nord", selon Rajiv Biswaw, économiste chez IHS Markit.
"Une excuse pour davantage de provocations"
Certains experts sont sceptiques quant à l'effet immédiat de cette mesure. Les précédentes sanctions n'ont pas empêché que les programmes nucléaire et balistique nord coréen n'entraînent une montée des tensions avec les Etats-Unis.
Mais elles pourraient augmenter la pression sur Pyongyang à long terme. Pour Koo Kab-woo, de l'université des études nord-coréennes de Séoul, la résolution est symbolique car elle est "la première tentative des Etats-Unis de toucher le poumon économique de la Corée du Nord".
D'autres craignent que la résolution pousse Pyongyang à accélérer ses programmes. "Les sanctions donnent à Pyongyang une excuse pour davantage de provocations, comme un lancement de missile intercontinental", estime Kim Hyun-wook, professeur à l'Académie diplomatique nationale de Corée.
"Ce n'est pas suffisant pour faire mal", estime Go Myong-hyun, de l'Institut d'études politiques. Avant l'adoption du texte, la Corée du Nord avait exprimé son opposition, avertissant les Etats-Unis qu'elle leur infligerait "la plus grande des souffrances et des douleurs" s'ils persistaient à vouloir que l'ONU durcisse les sanctions à son encontre.
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