Crise grecque : l'avenir du pays en six questions
Si le chèque de 1,6 milliard d'euros n'est pas versé, que se passe-t'il ? Techniquement il ne passe rien en fait C’est un chèque que la Grèce ne fait pas. D’après le statut du FMI, ce que l'on appelle le défaut de paiement ne sera notifié qu’après plusieurs semaines. Et, en plus le FMI, peut et va peut-être d’ailleurs, décider d’accorder un délai supplémentaire à la Grèce. Mais, même dans ce cas, Athènes n’aurait pas la tête hors de l’eau. Elle a d’autres remboursements à honorer dans les semaines qui viennent ; 3,5 milliards dus à la BCE au plus tard, le 20 juillet. Et la Grèce n’aura pas les moyens de payer.
Avec l'échec des négociations et l’ annonce du référendum, l’Europe a en fait, décidé de ne pas prolonger son programme d’aide. C'est ce mardi qu'il prend fin. Ce programme d'aide aurait permis à la Grèce de pouvoir payer le fonds monétaire international. C'est ça l'engrenage grec. Athènes a besoin de prêts du FMI, de la BCE et de l'Union Européenne pour rembourser ce qu'elle doit à ces mêmes créanciers.
Tsipras a toujours promis de préserver les salaires des fonctionnaires et les retraites. Peut-il vraiment le faire ?
Pour le mois de juin, les fonctionnaires ont déjà été payés. Quant aux retraites, si le gouvernement ne paient pas le FMI, il aura encore quelques réserves, pas beaucoup. Dans une interview à la télévision grecque, lundi soir, Alexis Tsipras a assuré que les pensions étaient sécurisées et qu’ elles seraient bien versées jeudi prochain. Précisons au passage que transactions bancaires sur les retraites échappent au contrôle des capitaux. Pour répondre à la question, donc, il est possible de payer les fonctionnaires et les retraites. Mais jusqu’à quand ? La Grèce n’a pas les moyens de se financer seul, sans les fonds européens. Meme s’il a convoqué un référendum dimanche prochain, Tsipras a bien demandé une prolongation du programme aide.
Le défaut de paiement peut-il ralentir l'économie grecque ?
L’ économie grecque est déjà à l’arrêt. Et ça ne date pas d’hier. L'économie grecque a été essorée par 5 ans d’austérité et d' incertitude permanente sur l’ avenir du pays. 320 milliards de dette, des revenus qui ont chuté en moyenne de 40 % et évidemment le chômage qui atteint 26%. Ce qui est sûr c’est ce que nouvel épisode va encore amplifier les difficultés. Les entreprises grecques ont, de fait, un problème de financement, puisque les banques, elles-mêmes, sont sous perfusion de la BCE. Le problème immédiat de l'économie grecque, c'est le contrôle des capitaux. Difficile de faire des affaires quand les transactions bancaires sont plafonnées, surtout en pleine saison touristique.
Y-a-t'il des risques de panique de la population grecque ?
Cela fait longtemps que les grecs ont commencé à retirer leur argent des banques ; 100 milliards depuis 2010 et les premières mesures d’austérité. Et ce mouvement s'est accéléré depuis l’échec des negociations avec les créanciers, et encore plus depuis l’annonce du référendum (1,3 milliard ont été retirés dans les 48 heures qui ont suivi l’annonce du référendum). Les banques grecques risquaient d’être à sec. Il aurait fallu que la BCE augmente le débit du robinet qui les alimente mais elle ne l’ a pas fait. D'où le contrôle des capitaux pour empêcher que les retraits se poursuivent ce qui aurait provoqué des faillites bancaires.
Le problème du contrôle des capitaux c'est la durée. Normalement, les banques doivent rouvrir le 7 juillet au matin, mais, lunid soir soir le Premier ministre grec n’ a pas été aussi affirmatif. Elles rouvriront dit-il quand la BCE assurera de nouvelles liquidités.
Quel est l'enjeu du référendum prévu dimanche ?
En ayant décidé de fermer les banques grecques depuis lundi, le gouvernement grec veut influencer le résultat du référendum prévu dimanche. L'idée c'est de montrer au peuple grec ce qui l'attend s'il vote "Non" au référendum. La question posée vise à approuver les mesures de la troïka et non pas d'approuver les choix de Tsipras. C'est d'ailleurs là tout le paradoxe. Dans les négociations, Tsipras avait fait des concessions ( sir la réforme des retraites notamment) qui irritait profondément sa majorité. Avec le rétérendum, plus besoin d’avoir l’ assentiment des députés. Le parlement est court-circuité et c’est directement aux électeurs de se prononcer. Mais la question divise profondément la société grecque. On sent qu’il y a une grande tentation du "Non". Un "Non" qui n’ est pas forcément un "Non" à l’ Europe ou un "Non" à l’euro. C’est plutôt "Non" a l’austérité, non à la tutelle de Bruxelles et du FMI.
La campagne a commencé, quels sont les arguments des partis ?
Pour le "Non", occhi en grec : il y a Siriza, le parti du Premier ministre, Anel. Son allié dans la coalition est un parti de droite souverainiste et aussi le parti neo-fasciste Aube Doré.
Le reste de l’échiquier politique grec soutient le "Oui"; Nouvelle Démocratie, le Pasok et To Potami. Mais, ce ne sont pas les partis politiques qui vont se prononcer, ce sont les électeurs, les près de 10 millions d’électeurs grecs qui vont trancher la question.
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