Crise politique en Italie : et maintenant ?
L'Italie est habituée à ce genre de "psychodrame" politique, fruit de la complexité de la loi électorale en vigueur, et de la crise politique que traverse le pays depuis plusieurs années. Malgré la majorité absolue obtenue à la Chambre des députés le 25 février dernier, impossible pour la gauche et son leader Pier Luigi Bersani de former un gouvernement, compte tenu de la situation au Sénat où elle se trouve à égalité avec la droite de Silvio Berlusconi et le Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo. La presse italienne tente donc depuis plusieurs jours de dégager de cette impasse, un avenir politique possible pour le pays.
La coalition : ce scénario semble de moins en moins crédible. Il impliquerait le Parti démocrate (PD) de Pier Luigi Bersani et le Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. Exit en revanche le Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo, qui ne manque pas une occasion de rappeler qu'il ne soutiendra aucun gouvernement. Problème, de taille : le PD refuse catégoriquement de gouverner aux côtés de la droite, comme l'a redit vendredi Luigi Zanda, chef du groupe démocrate au Sénat, après un appel du pied de l'ancien président du Conseil : "[...]La politique du PDL est à des années-lumière de celle du Parti démocrate."
Le centre-gauche au pouvoir : Pier Luigi Bersani et le PD s'empareraient de l'exécutif, contre une sorte d'abstention "bienveillante" de la droite lors du premier vote de confiance. Problème : le PDL exigerait en contre-partie un accord sur le nom du prochain président de la République, qui doit être élu le mois prochain pour sept ans. Et le nom qui revient le plus est celui de Silvio Berlusconi lui-même, tenté de trouver là l'immunité à ses ennuis judiciaires.
Le compromis à gauche : le PD et le M5S de Beppe Grillo, plus proche de la gauche, s'entendraient sur une personnalité consensuelle qui aurait pour tâche de réformer la loi électorale et faire voter des réformes budgétaires nécessaires. Toujours le même problème : le parti du comique italien ne souhaite faire allégeance à aucun parti.
Un gouvernement "Monti-bis" : sous l'égide du très respecté président Giorgio Napolitano, une personnalité indépendante prend le pouvoir aux côtés de techniciens respectés, pour régler les affaires courantes en attendant de nouvelles élections, au plus tard dans un an. Un scénario qui ressemble étrangement au gouvernement de Mario Monti, mis en place avant les dernières élections. Mais le nom de l'ancien président du Conseil n'est pas cité par la presse italienne.
Un gouvernement "balnéaire" : c'est le nom trouvé par la presse, jamais à court d'imagination en Italie, à un exécutif à la durée de vie limitée à l'été prochain. En attendant d'organiser de nouvelles élections à la rentrée, il serait chargé de réformer la loi électorale et ainsi faciliter l'élection d'un prochain gouvernement.
Des élections au plus vite : pourquoi attendre ? La situation ne semblant pas près de se régler, le mieux serait alors d'organiser de nouvelles élections, pourquoi pas dès cet été. Ce scénario est certainement le plus improbable, compte tenu des délais serrés et, encore une fois, de la complexité du processus électoral italien. Et, pendant ce temps, la presse italienne commente les nouveaux sondages réalisés. Selon l'institut SWG, le parti de Silvio Berlusconi arriverait en tête en cas de nouveau scrutin, avec 32,5 % des voix contre 29,6 % à son adversaire démocrate. Malgré tout, un espoir pour la gauche, et peut-être une réflexion à envisager : le jeune maire de Florence Matteo Renzi apparaît comme la personnalité politique préférée des Italiens. Le Parti démocrate de Bersani, toujours chargé de former un gouvernement, va-t-il lui accorder plus de place ? De quoi se perdre en conjectures.
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