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Des contreparties en échange de la libération de Serge Lazarevic ?

Comme à chaque libération d'otage, la question de la rançon se pose. La France affirme qu'elle n'en verse pas mais plusieurs spécialistes interrogés par France Info disent le contraire.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Serge Lazarevic est libre © SIPA/ AP Photo/Comite de Soutien pour Philippe Verdon et Serge Lazarevic)

Après le soulagement de l'annonce de la libération du dernier otage français dans le monde, Serge Lazarevic, les questions. La France, on le sait, ne verse (officiellement) jamais de rançon. Que s'est-il passé alors, pour que la libération de Serge Lazarevic intervienne ? "Le bruit qui court", explique Pascal Lupart, ancien président du comité de soutien de Philippe Verdon, autour d'une "possible libération de deux membres d'Al-Qaida, en prison à Bamako. La personne en prison n'est autre que celle qui a enlevé Philippe Verdon et Serge Lazarevic" . Pascal Lupart rappelle que, s'il n'y a plus d'otages français, "il reste aujourd'hui, sur la zone sahélienne, trois Européens : un Suédois, un Britannique et un Hollandais" .

Pascal Lupart, ex-président du comité de soutien de Philippe Verdon, revient sur ce bruit qui court, la libération de deux djihadistes...

Alain Marsaud, actuel député UMP des Français de l'étranger, et ex-juge anti-terroriste, est plus catégorique : "Bien sûr que, pour obtenir la libération de Serge Lazarevic, à un moment ou un autre, on a été amenés à payer une rançon ou à obtenir des libérations de détenus. Mais c'est normal ". Il explique que tous les gouvernements français ont tenté de négocier avec les ravisseurs et si les "revendications sont acceptables, il y a quelqu'un qui paye mais pas forcément l'Etat où les caisses du gouvernement français, (plutôt les caisses d'assurances ou les entreprises ".

Des contreparties en échange de la libération de Lazarevic ? C'est normal, estime le député Alain Marsaud, ex-juge anti-terroriste

Coopération internationale

Cette analyse est également celle de Dorothée Moisan, journaliste de l'AFP auteur de Rançons : enquête sur le business des otages . "Il n'arrive jamais qu'on libère un otage sans contrepartie ", a-t-elle expliqué sur France Info, "c'est évident que quelque chose a été négocié ". La journaliste souligne que "dans le communiqué de François Hollande, les autorités malienne et nigérienne ont été mises en avant comme s'il avait besoin de les remercier ". D'où vient l'argent ? Cela a un peu changé depuis deux ans : "Depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir, la France a changé sa politique, a décidé de ne plus verser de rançon venue des caisses de l'Etat français ", dit Dorothée Moisan.

"Il n'arrive jamais qu'on libère un otage sans contrepartie", Dorothée Moisan, auteur de Rançons : enquête sur le business des otages

Dans un tweet, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, remercie le Niger et le Mali pour leur "discrétion ". 

Mathieu Guidère professeur des universités à Toulouse, spécialiste du monde arabe et musulman estime également que le Niger a été un des grands "acteurs " de la libération de Serge Lazarevic. Il évoque également la question de la rançon : "On ne relâche pas comme cela après trois ans des otages. Il y a des versements d'argent ou la libération de détenus ". Sur France Info, il explique que si les négociations ont pris autant de temps, "c'est parce que la liste initiale des revendications de ce groupe étaient exorbitantes en terme financiers et en terme de revendications ".

Libération de Serge Lazarevic : "Il y a eu un acteur central, le Niger" Mathieu Guidère spécialiste du monde arabe et musulman

Sur les négociations qui ont abouti à la libération du dernier otage francais, les autorités nigériennes restent discrètes, nèanmoins le ministre des Affaires étrangères nigérien Mohamed Bazoum, confirme que les intermédiaires utilisés pour la liberation de Serge Lazarevic sont les mêmes que ceux qui ont obtenu la liberation des quatres otages du site Areva d'Arlit au nord du Niger en octobre 2013. Les services de renseignements nigériens ont réussi dans un premier temps à localiser l'otage francais. Mohamed Bazoum : "Les services du renseignement du Niger ont pu avoir cette information. Il s'agit ensuite de savoir qui peut s'adresser à eux. Nous avons utilisé les mêmes personnes que celles utilisées pour les 4 quatre otages d'Areva ".  

L'autre volet de la négociation c'est la libération des compagnons d'armes des djihadistes. D'après des sources mauritaniennes, deux prisonniers djihadistes auraient été libérés. Deux demi-frères qui auraient été transférés discrètement samedi dernier de Bamako vers le Niger. Ce ne sont pas des leaders du mouvement djihadistes, ils auraient participé l'enlèvement de Serge Lazarevic en 2011. 

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