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Des Marines de la Royal Navy soupçonnés de meurtre

Sept Royal Marines britanniques ont été arrêtés jeudi soir par la police militaire, soupçonnés d'avoir tué l'année dernière un insurgé afghan, en violation des strictes règles d'engagement prescrite par les forces armées de Sa Majesté.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Sean Clee/POA/Royal Navy Maxppp)

L'affaire
daterait de 2011. Mais c'est le témoignage d'un
militaire aurait fini par briser la "loi du silence" des Marines qui a motivé leur arrestation
jeudi soir. Sept soldats de l'unité d'élite des Royal Marines sont soupçonnés d'avoir commis un meurtre en Afghanistan.

Règles
d'engagement strictes

En 2011, quelque
part dans la province du Helmand, une escarmouche oppose un groupe d'insurgés à
des Marines à cran après la mort de 23 des leurs dans cette zone difficile. Un
des insurgés meurt, tué par les militaires en violation des règles
d'engagement
, qui, selon la BBC, "stipulent les circonstances dans
lesquelles les forces armées britanniques ont le droit d'ouvrir le feu, que cela
soit au contact direct de l'ennemi ou pour prévenir une attaque
imminente". C'est-à-dire les cas
dans lesquels les militaires peuvent ou non tirer. Elles sont gardées secrètes
pour ne pas favoriser l'ennemi qui en profiterait pour provoquer des situations
où la riposte serait interdite.

Probablement
un prisonnier

La
victime ne serait pas un civil, mais un "combattant", selon le
ministère britannique de la Défense. Pour le Guardian,
on peut penser que l'homme était prisonnier et que c'est le comportement des
militaires qui est en cause. Le ministère ne s'épanche pas davantage dans la
presse, invoquant le secret d'une enquête en cours.

La
justice militaire, chargée de l'enquête puisque spécialement compétente pour
connaître des infractions commises par les personnels britanniques à l'étranger,
joue la carte de l'extrême prudence. Notamment parce que ces arrestations
pourraient entacher durablement la réputation des Royal Marines. Fierté de la
Royal Navy, le ministère de la Défense avait déclaré à leur retour qu'ils
avaient "étranglé la rébellion dans le
Helmand", l'une des régions les plus dangereuses d'Afghanistan.

Un
an après, faute de détails, des interrogations

Faute
d'informations plus précises, certains s'interrogent déjà : pourquoi l'armée
a-t-elle rendue publique l'enquête, alors qu'elle avait les moyens, ou de ne pas
la déclencher, ou de la cacher aux médias ? Peut-être par zèle de transparence.
Peut-être, disent d'autres, pour désamorcer ce qui prenait déjà les atours d'un
encombrant scandale.

Ce serait la première fois que des soldats britanniques sont arrêtés pour de
tels motifs depuis le début du conflit en Afghanistan, selon la BBC. Un soldat britannique a fait l'objet
d'une enquête militaire après avoir tué par balles un homme qu'il avait par
erreur soupçonné d'être un taliban posant une bombe dans le centre du Helmand en
2010, mais il n'avait finalement pas été poursuivi. L'année
dernière, un soldat britannique a été condamné à une peine de prison pour avoir
poignardé un jeune Afghan de dix ans avec une baïonnette. L'enfant a survécu à
l'incident, qui avait eu lieu en mars 2010. 

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