Deux avions ont été "spécialement affrétés" pour transférer la semaine prochaine plus de 300 enfants adoptés en Haïti
"Ils quitteront Paris pour Port-au-Prince les 21 et 23 décembre", a déclaré samedi la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, dans un communiqué.
Au total, 318 enfants, dépourvus de passeport mais bénéficiant d'un laisser-passer consulaire exceptionnel, devraient être concernés par cette venue en France.
Ce laisser-passer a été rendu possible par un échange de lettres gouvernementales entre la France et Haïti. Les familles françaises réclament le transfert depuis près d'un an.
SOS Haïti enfants adoptés fustige Bernard Kouchner
De ce fait, le collectif représentant les familles, qui a fustigé la gestion de l'ex-chef de la diplomatie Bernard Kouchner, accusé d'avoir négligé la sécurité des enfants. Au lendemain de l'annonce par le Quai d'Orsay de l'envoi de deux avions, la présidente du collectif SOS Haïti enfants adoptés Emmanuelle Guerry a vivement déploré que M. Kouchner n'ait pas pris cette initiative plus tôt, une polémique qualifiée de "désastreuse" par l'intéressé.
"Cette évacuation on la demandait depuis le lendemain du séisme" qui a frappé l'île le 12 janvier, a rappelé Mme Guerry sur Europe 1. "M. Kouchner a préféré, au moment du séisme, arguer de la sécurité juridique des enfants, plutôt que de leur sécurité tout court".
Avec l'arrivée de Mme Alliot-Marie au ministère des affaires étrangères, "il en a été tout à fait autrement, on la salue, on la remercie", a poursuivi la présidente du collectif.
Bernard Kouchner, qui avait plusieurs reprises mis en garde contre les trafics d'enfants, a de son côté, refusé d'entrer dans une "polémique désastreuse". Il a souligné avoir agi dans le respect des procédures, en rappelant que depuis le séisme, environ 700 enfants adoptés étaient arrivés en France. "Franchement, ouvrir une polémique là-dessus, je m'y refuse. Nous avons fait tout ce que nous avons pu", a-t-il affirmé dimanche à l'AFP.
Encadrement médico-psychologique
"Les enfants seront acheminés par notre ambassade, avec le soutien des autorités haïtiennes et de la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah), dans des conditions sécurisées jusqu'à un point de regroupement où les attendront les familles". Tous rejoindront ensuite l'aéroport de Port-au-Prince, a précisé Michèle Alliot-Marie.
"Durant le retour vers la France, les enfants et leurs familles d'accueil seront accompagnés de membres du Centre de Crise du ministère des Affaires étrangères, du Service de l'Adoption Internationale (SAI) et d'un encadrement médico-psychologique adapté à la situation et à l'âge des enfants".
"A l'arrivée à Paris, familles et enfants seront accueillis par un dispositif de personnels médicaux et de représentants des différentes administrations qui faciliteront les premières formalités des familles adoptantes sur le territoire national", a-t-elle ajouté.
Danger de l'épidémie de choléra
Jeudi, le collectif SOS Haïti enfants adoptés avait demandé à la France d'affréter des avions pour évacuer en urgence des enfants, en faisant valoir que l'épidémie de choléra continuait de progresser en Haïti où une crise politique s'est ajoutée à la difficile reconstruction du pays meurtri par le séisme du 12 janvier (plus de 250.000 morts).
Depuis son apparition à la mi-octobre, l'épidémie de choléra a fait plus de 2.500 morts en Haïti, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé haïtien. Les résultats contestés de la présidentielle du 28 novembre ont provoqué ensuite des manifestations violentes dans le pays.
Le collectif SOS Haïti enfants adoptés s'en est pris à plusieurs reprises à la politique suivie jusqu'à l'automne par l'ex-chef de la diplomatie Bernard Kouchner, accusé d'avoir "laissé pendant près d'un an les familles dans le plus grand désarroi". L'ex-ministre avait pour sa part mis en garde contre les trafics d'enfants et justifié son approche prudente par la nécessité d'un statut juridique clair pour les enfants visés par une adoption en France.
D'autres adoptions en cours
Au total, un millier d'enfants étaient en cours d'adoption avant le séisme et quelque 700 ont depuis rejoint leur famille. Les 318 mentionnés par le communiqué de la ministre bénéficiaient d'un jugement haïtien sur leur adoption mais il leur manquait un passeport pour pouvoir venir en France.
"L'ambassade de France (en Haïti) poursuit son travail pour finaliser les démarches concernant les autres enfants en voie d'adoption, dans les meilleurs délais", a précisé Michèle Alliot-Marie sans dire à combien d'enfants elle faisait allusion.
L'opération d'affrètement a été décidée à l'issue de plusieurs réunions interministérielles. Son coût n'a pas été précisé.
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