Ecoutes de Merkel : la NSA dément avoir informé Obama
Depuis son jardin donnant sur la mer grise et agitée de Cornouailles, John Le Carré doit sourire. Les coups de théâtres, rebondissements, fuites et autres écrans de fumée de la tentaculaire affaire des écoutes de la NSA ne sont pas sans évoquer les tortueux tours et détours de ses livres, comme de sa vie d'espion au MI6.
Ainsi les révélations de presse se contredisent-elles de chaque côté de l'Atlantique, comme autant de parades aux bottes d'escrimeurs à la trouble identité. Le Wall Street Journal publie ce matin un article qui prend à contre-pied les révélations du journal allemand Bild ce week-end. Il affirme que les Etats-Unis ont mis fin aux écoutes de la chancelière allemande et d'autres dirigeants dès que Barack Obama a appris leur existence.
Et à en croire la NSA elle-même, ce n'est pas de son côté qu'est venu l'information, puisqu'elle jure la main sur le coeur - un organe sans doute difficile à trouver pour une agence de renseignement - que son chef n'a jamais discuté d'opérations impliquant Angela Merkel. Le Wall Street Journal, citant des responsables américains, révèle que c'est par un rapport qu'il a commandé en milieu d'année que le président américain a appris que son homologue allemande a été écouté, comme 35 chefs d'Etats. Il aurait alors aussitôt stoppé ce programme.
Ce contre-feu va-t-il convaincre la délégation de responsables allemands qui vont se rendre aux Etats-Unis la semaine prochaine, dans le but d'obtenir des explications ? Quoiqu'il en soit, à peine les Etats-Unis tentent-ils de maîtriser un foyer d'incendie qu'un autre se déclare. Le quotidien espagnol El Mundo révèle ce matin que les grandes oreilles américaines ont espionné plus de 60 millions de communications en Espagne. John Le Carré n'a probablement pas fini de rire.
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