Elections britanniques : les scénarios possibles
Les Britanniques élisent jeudi leurs députés et ce sont eux qui choisiront, à leur tour, le chef du gouvernement. L’objectif est donc d’avoir la confiance de la Chambre des Communes. Un leader a besoin de la majorité des sièges pour gouverner : 326 sièges précisément, sur 650. Dans les faits, 323 suffisent car le Sinn Fein irlandais boycotte le Parlement.
En 2014, personne n’accordait d’importance aux superlatifs utilisés pour parler des élections britanniques, tout le monde pensait que les sondages finiraient par désigner un vainqueur. Mais non. Jusqu’au bout, jusqu’à la veille du scrutin, les courbes des intentions de vote sont restées obstinément plates. Cette année, il a donc fallu échafauder des hypothèses.
Les scénarios possibles :
1) Une majorité absolue pour un parti. Probabilité : quasi-nulle.
Ce serait le scénario le plus simple mais aucun sondage n’a jamais annoncé un tel résultat. Ce serait une énorme surprise.
2) Une coalition conservateurs/libéraux-démocrates. Probabilité : 25%.
C’est le scénario rêvé pour David Cameron : une reconduction de la coalition actuelle. Cela supposerait des tractations difficiles entre les deux partis, les lib-dems europhiles étant très défavorables à un référendum sur l’UE, mais un terrain d’entente pourrait être trouvé.
Il est peu probable que conservateurs et libéraux-démocrates atteignent le total de 323 députés. Ils pourraient toutefois y parvenir avec une force d’appoint, comme les unionistes irlandais du DUP (8 sièges). Pour cela, David Cameron aurait sans doute besoin d'au moins 285 à 290 députés.
3) Une coalition travaillistes/libéraux-démocrates. Probabilité : 10%.
Ed Miliband se verrait bien travailler avec les libéraux-démocrates et quelques petits partis comme les Verts (1 siège) et le SDLP irlandais (3 sièges). Peu probable que le Labour parvienne à ses fins.
4) Un gouvernement travailliste minoritaire. Probabilité : 40%.
C’est le scénario privilégié par les sondages, celui d’une majorité anti-Tory aux Communes. En résumé, ce n’est pas Ed Miliband qui gagne mais David Cameron qui perd. Cela veut dire que les adversaires du Premier ministre sortant décrochent plus de 326 sièges, dont une cinquantaine pour les nationalistes écossais du SNP. Ed Miliband peut alors présenter son "Queen’s speech" (discours de la Reine), c’est-à-dire son programme de gouvernement. Mais le leader travailliste aura besoin du soutien du SNP. Or il a promis qu’il ne passerait "aucun accord" avec les indépendantistes. Il peut faire mine de les ignorer et compter secrètement sur leur soutien. Il s’expose alors à deux problèmes : les conservateurs diront qu’il a trahi sa promesse, qu’il n’est pas légitime ; et le SNP ne donnera pas un chèque en blanc au Labour qu’il aura humilié en Ecosse.
5) Un gouvernement conservateur minoritaire. Probabilité : 15%.
Si les conservateurs devancent nettement les travaillistes en nombre de sièges, David Cameron s’accrochera à son poste. Ed Miliband aurait alors du mal à convaincre de sa légitimité, même si la Chambre est majoritairement anti-Tories.
6) Un blocage politique. Probabilité : 10%.
Si la situation est vraiment trop confuse, de nouvelles élections sont possibles. Il faudrait pour cela qu’un des deux prétendants ne parvienne pas à faire voter son discours de la Reine (prévu le 27 mai) puis que l’autre ne fasse pas mieux deux semaines plus tard. Les deux tiers de la Chambre des Communes doivent alors se mettre d’accord pour une nouvelle date.
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