Enfant-soldat trois ans auprès des Farcs, Alberto témoigne
François Hollande ouvre mardi à Paris la Conférence internationale sur la protection des enfants de la guerre. Franceinfo a rencontré à cette occasion Alberto, ex enfant soldat enrôlé auprès des Farcs. Il témoigne.
Alberto sourit beaucoup et parle doucement. Alors que François Hollande ouvre mardi 21 février à Paris la Conférence internationale sur la protection des enfants de la guerre, franceinfo a rencontré ce Colombien qui, il y a exactement dix ans, s'engageait avec les Farcs pour fuir une situation familiale douloureuse. Comme plusieurs milliers d'autres enfants-soldats recensés par l'Onu à travers le monde.
Retrouver les armes des adultes en fuyant la maltraitance
"On n'avait pas de quoi s'habiller, raconte le jeune homme. Pour aller à l'école, il fallait marcher pendant deux heures. Et puis, il y avait de la maltraitance. C'est mon père qui nous maltraitait et qui nous menaçait." Alors âgé de douze ans, Alberto cherche de l'aide, mais la seule autoritée de la région du sud de la Colombie où il vit, ce sont les Farcs. Qui lui promettent des vêtements, de la nourriture.
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Une fois enrolé, la réalité de son engagement comme enfant-soldat prend d'autres atours. Il raconte : "L'une des obligations était de monter la garde à tour de rôle, jour et nuit. Je faisais aussi du renseignement. Comme j'étais un enfant, ils me donnaient des vêtements de civils et je passais devant l'armée régulière qui ne me soupçonnait pas d'être un guerillero. Je comptais combien il y avait de soldats, ce qu'ils faisaient... Des informations qui servaient aux Farc pour planifier des attaques."
Chaque jour, la peur de mourir
Toujours armé, Alberto reste trois ans auprès des Farcs, malgré la peur de mourir chaque jour, fusillé ou tué par une bombe. La peur le paralyse parfois. Une nuit, il trouve le courage de s'enfuir. Alberto descend de la montagne et se rend à la police. Il est pris en charge par le programme d'aide aux victimes de la guerre du gouvernement colombien. Il doit réapprendre les choses simples de la vie.
"Le plus dur pour moi, se souvient Alberto, c'était de vivre entre quatre murs, dans un appartement. Je devais laisser la porte ouverte parce que quand elle était fermée, j'avais l'impression d'être en prison et ça me faisait peur." Aujourd'hui Alberto est étudiant en commerce international. Il espère que son témoignage aide à lutter contre l'enrôlement des enfants.
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