"220 000 fibres sont produites par habitant et par jour" : bientôt des filtres à microfibres plastiques dans les lave-linge
La mesure est discutée lundi entre la ministre de la Transition écologique et les fabricants de lave-linge. Indispensable pour éviter les "océans plastifiés", explique Bruno Dumondet qui étudie la pollution au plastique en mer Méditerranée.
"Pour une seule ville comme Nice, ce sont six milliards de fibres qui passent à travers le système de traitement des eaux", s'est alarmé Bruno Dumondet, fondateur de l'expédition Méditerranée en danger (MED), lundi 17 février sur franceinfo. Bruno Dumontet et son association luttent contre la pollution au plastique en mer Méditerranée. Il réagissait à la réunion prévue lundi entre la ministre de la Transition écologique Brune Poirson et les fabricants de lave-linge pour préparer l'application de l'installation de filtres à microfibres plastiques dans les lave-linge. La mesure est prévue dans la loi d'économie circulaire et son entrée en application est prévue pour 2025.
franceinfo : Pourquoi faut-il installer ce genre de filtres dans les lave-linge ?
Bruno Dumondet : C'est une solution envisagée par rapport à tout ce qui se dégrade pendant les lavages.
Nos fibres de vêtements synthétiques qui sont des nylons, des polyamides et autres polymères de ce type, une fois le lavage fini, se retrouvent dans les eaux usées et finissent dans les stations d'épuration qui ne sont pas en capacité de les stopper à 100%.
Bruno Dumondet, fondateur de l'expédition Méditerranée en dangerà franceinfo
Les meilleures d'entres elles arrivent à en stopper environ 80 à 90%. Le reste finit dans la mer pour les stations qui sont dans le littoral. Et dans les épandages agricoles pour les autres. Donc, on est confronté à un vrai problème de ces fibres qui se retrouvent dans l'atmosphère dans les terres et dans la mer.
Ça représente quoi ? Plusieurs millions de tonnes de plastiques déversées en mer chaque année ?
Ça représente des quantités considérables parce qu'on estime globalement que 220 000 fibres sont produites par habitant et par jour. Si vous imaginez une station de 650 000 habitants qui peut correspondre à la ville de Nice, la charge d'entrée est d'environ 120 milliards de fibres par jour dans la station d'épuration. Donc même avec une capacité de filtrage de 80-90%, pour une seule ville comme Nice, ce sont six milliards de fibres qui passent à travers le système de traitement des eaux. Donc vu la population mondiale, on imagine la quantité que ça peut représenter
Quelles sont les conséquences sur les océans ?
Tous ces polymères malheureusement se confondent avec la nourriture pour tout l'écosystème marin, des plus petits aux plus gros et tout ça a un impact énorme. Là il y a un véritable enjeu majeur, déjà par rapport aux macro-déchets mais aussi par rapport à toutes ces fibres qui sont invisibles à l'œil nu et qui sont en train de polymériser l'ensemble des océans et des mers du globe, et on arrive à des océans, des mers plastifiés.
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