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Algues vertes: plaintes regroupées à Paris

Le parquet de Paris va regrouper l'ensemble des plaintes relatives à la toxicité des algues vertes en Bretagne
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Le parquet de Paris va regrouper l'ensemble des plaintes relatives à la toxicité des algues vertes en BretagneLe parquet de Paris va regrouper l'ensemble des plaintes relatives à la toxicité des algues vertes en Bretagne

"L'ensemble des plaintes est centralisé au pôle santé publique du parquet de Paris qui mène une analyse juridique, scientifique et technique et décidera des suites à donner", selon une source judiciaire.

Environ 300 plaintes ont été déposées à Guingamp contre le préfet des Côtes-d'Armor notamment pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui.

Parallèlement, le propriétaire du cheval mort fin juillet sur une plage des Côtes-d'Armor a déposé plainte contre X, notamment pour violence involontaire par manquement à une obligation de sécurité, auprès du pôle santé publique du parquet de Paris. Cette affaire avait entraîné la visite du premier ministre, François Fillon, à Saint-Michel-en-Grève en août et la reconnaissance par les pouvoirs publics de la toxicité des algues vertes en décomposition.

De son côté, le parquet de Saint-Brieuc avait ouvert une enquête préliminaire début septembre après le décès suspect fin juillet d'un salarié qui transportait des algues vertes dans les Côtes-d'Armor.

Quelles solutions ?

Depuis des années, les Bretons tentent en vain de se faire entendre. Il a fallu le décès suspect d'un salarié en Bretagne pour prendre la mesure du danger de l'hydrogène sulfuré contenu dans ces algues.

Le gouvernement devrait annoncer des mesures d'ici la fin de l'année pour endiguer le fléau mais les moyens manquent pour mener les recherches.

Ramasser les algues vertes en mer, comme l'a proposé la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno n'apparaît pas comme une solution, a expliqué jeudi un chercheur de l'Ifremer lors d'une conférence de presse.

"On a proposé de donner de l'argent public pour ramasser les algues en mer. Il faut savoir que c'est très difficile d'aller dans cette zone, il faut des barges. Et que fait-on: on les ramène sur la plage?, on les remet en mer?", s'est interrogé Alain Ménesguen, directeur de recherche à l'Ifremer, qui étudie depuis plus de vingt ans le phénomène des marées vertes en Bretagne.

"Faire du ramassage intensif et surtout en mer, cela va augmenter la production d'algues vertes ", a-t-il même affirmé. "Cela ne tranche pas le problème à la source", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse du Conseil scientifique de l'Environnement de Bretagne (CSEB) avec quatre autre scientifiques, soucieux de faire un état des lieux des connaissances sur la prolifération des algues vertes.

Selon M. Ménesguen, le phénomène des marées vertes, apparues à la fin des années 60, ne pourrait être réduit de manière efficace que si l'on diminue "drastiquement" la teneur des eaux en nitrates, issus de l'agriculture et principal responsable car il "alimente" les algues vertes.

"Si on ne descend pas à un niveau inférieur à 10 milligrammes par litre, on ne verra rien", a expliqué Alain Ménesguen, précisant que la moyenne des cours d'eau bretons est située entre 33 et 32 mg/litre.

"Depuis 1988, je dis que c'est l'azote qu'il faut diminuer et pas le phosphate et, pendant dix ans, je me suis heurté à l'administration (notamment des Côtes d'Armor) qui a procédé à une déphosphatisation", ajoute-t-il. Sans résultat, puisque le phénomène n'a pas été enrayé.

"Il faut tirer les leçons de l'inefficacité des mesures prises antérieurement", selon Pierre Aurousseau, président du CSEB et professeur à l'Agrocampus ouest (école d'agrononomie de Rennes).

Celui-ci a été auditionné par la mission interministérielle sur les algues vertes (voir plus loin) que le gouvernement vient de mettre en place, après la mort du cheval.

Sur la toxicité des algues, le médecin au centre antipoison de Rennes, Alain Baert, a expliqué que "tant qu'on laissera des tas d'algues, il y aura un risque pour ceux qui vont les ramasser et les manipuler". Les algues en décomposition dégagent en effet du H2S, hydrogène sulfuré, qui, en forte concentration, s'avère un risque pour l'organisme humain.

Une commission interministérielle
Lors de sa visite le 20 août à Saint-Michel-en-Grève, le Premier ministre François Fillon a annoncé la création d'une mission interministérielle qui a pris ses fonctions le 22 septembre.

Composée de quatre membres, elle est chargée d'élaborer un plan de gestion et de prévention des risques sanitaires, d'explorer les voies de valorisation et de retraitement des algues et de définir des mesures permettant de réduire les rejets azotés, à l'origine des marées vertes, a expliqué le chef de la mission Philippe Quévremont, lors d'un point-presse à Rennes.

Deux "comités de pilotage" vont en outre être mis en place dans les Côtes d'Armor pour mener des expérimentations dans deux bassins versants très différents". L'une concernera le bassin de Lannion, l'autre le bassin de la baie de Saint-Brieuc".

Huit communes indemnisées


Hillion, Binic, Plestin-les-Grèves et Saint-Michel-en-Grève (Côtes d'Armor) et La Forêt-Fouesnant, Plonévez-Porzay, Plomodiern et Concarneau (Finistère), ainsi que les conseils généraux de ces deux départements, vont recevoir une aide d'un montant global de 215.000 euros pour les frais de ramassage des algues vertes engagés en 2009.

Cette somme sera réajustée au vu des dépenses effectivement engagées par ces collectivités au 31 décembre.

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