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Barrage de Sivens : une explosion à l'origine de la mort du manifestant

Après le décès ce week-end à Sivens d'un étudiant de 21 ans, l'enquête sur les circonstances de sa mort est en cours. Le procureur d'Albi a annoncé ce lundi qu'une explosion était à l'origine du drame.
Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Des opposants au barrage de Sivens ce lundi à Albi. © Maxppp)

Comment est mort Rémi Fraisse ? C’est la question à laquelle les enquêteurs cherchent à répondre depuis dimanche. Le corps de l’étudiant toulousain de 21 ans a été retrouvé par les gendarmes vers 2h du matin ce jour-là, en marge des manifestations contre la construction d’un barrage à Sivens dans le Tarn. Que sait-on exactement des circonstances du drame ?

Que s'est-il passé dans le nuit de samedi à dimanche ?

De violents affrontements ont éclaté samedi vers 16h entre certains manifestants et les forces de l’ordre. Ces échauffourées se sont poursuivies à la nuit tombée sur le site du Testet, près du chantier du barrage, dans une zone qui n’est absolument pas éclairée. Ils ont duré plusieurs heures.

C’est dans ce “contexte d’affrontements ” que le jeune homme a trouvé la mort, a rapporté dimanche le porte-parole des opposants au projet, Ben Lefetey. Le procureur d’Albi, Claude Derens, a confirmé ce contexte de violences, parlant lui d’une centaine de manifestants “qui ont voulu en découdre avec les forces de l’ordre ”. 

Comment est mort Rémi Fraisse ?

Lors des affrontements, Rémi Fraisse s’est à un moment effondré. Son corps a alors été emmené par les forces de l’ordre qui ont constaté le décès. Que s’est-il passé pour que le jeune homme s’effondre soudainement ? Ce lundi, le procureur d'Albi a indiqué que sa mort était due à une explosion, tout en indiquant qu'il était encore trop tôt pour savoir si elle était le fait d'une grenade.

"La déflagration a été forte puisque le jeune homme a été projeté au sol de façon violente " et "selon le médecin légiste, la mort a été instantanée ". "L'objet à l'origine de l'explosion n'a pas entraîné de flamme " et "aucune trace de particule métallique ou plastique n'a été retrouvée dans la plaie "."Des investigations sont en cours au laboratoire de la police scientifique de Toulouse pour permettre de découvrir la présence de traces de grenade sur la victime. Il faut attendre le résultat de ces analyses pour déterminer le rôle déterminant ou pas de la grenade dans l'explosion qui a coûté la vie à Rémi Fraisse. Les résultats devraient être donnés demain ", a-t-il poursuivi.

"Des investigations sont en cours au laboratoire de la police scientifique de Toulouse pour permettre de découvrir la présence de traces de grenade sur la victime" (Claude Derens)
La thèse qui revient le plus parmi les opposants au barrage est en effet celle d’un tir tendu de grenade lacrymogène, de grenade assourdissante ou de flashball par les forces de l’ordre. Le site Reporterre cite plusieurs témoins qui confirment ces tirs tendus et indiquent que c’est à ce moment précis que Rémi Fraisse s’est écroulé, avant d’être emmené par des gendarmes mobiles.

  (Les enquêteurs s'intéressent notamment à une trace de sang sol qui pourrait être celui de la victime. © Maxppp)
La question posée par le procureur est donc de savoir si c'est une grenade qui a causé l'explosion mortelle ou un autre engin. Les forces de l'ordre ont en effet indiqué dès dimanche avoir été prises à partie par les manifestants avec des "engins explosifs ". La gendarmerie avait, elle, réagi un peu plus tôt ce lundi via un communiqué en refusant les accusations contre ses hommes. Elle a indiqué que ses "militaires ne sauraient être mis en cause sur la seule base de témoignages, parfois anonymes ".

Où en est l’enquête ?

Dans les heures qui ont suivi le drame, les enquêteurs n’ont pu immédiatement se rendre sur les lieux du décès en raison des affrontements qui étaient toujours en cours. “Cela est fortement préjudiciable pour l’enquête ”, a rappelé dimanche le procureur d’Albi. Ce n’est que ce lundi vers midi que la police scientifique de la gendarmerie nationale a pu effectuer les premières constatations et les premiers relevés, notamment sur une trace de sang au sol qui pourrait être celui de la victime.

Parallèlement, l’autopsie du corps de la victime a débuté ce lundi. Elle pourrait permettre de lever les premières zones d’ombre, mais pas forcément de connaître à ce stade toute la vérité sur les circonstances du décès. Les résultats sont attendus vers 17h30. 

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Une conférence de presse du procureur de la République doit d’ailleurs se tenir en fin de journée pour faire un point sur l’avancée de l’enquête et les derniers éléments qui ont pu être recueillis.

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