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En 25 ans, les espèces invasives ont coûté neuf milliards d'euros rien qu'en France

Cette première étude sur les impacts économiques de la migration et de la prolifération d'espèces exotiques a été menée par un consortium de chercheurs piloté par le CNRS, l'Universitée Paris Saclay et Agro Paris Tech.

Article rédigé par franceinfo, Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La corbicule, mollusque d'eau douce venu d'Asie, qui menacent les écosystèmes des cours d'eau en France (JAVIER CEBOLLADA / EFE / MAXPPP)

Une étude sur le coût des espèces invasives vient d’être présentée au congrès mondial de la nature. Les montants sont pharamineux : presque neuf milliards d’euros pour la France en 25 ans, plus de 1 000 milliards à l’échelle de la planète depuis les années 60. 

Si cette étude vise à alerter sur les dégâts provoqués par ces espèces exotiques qui participent à la perturbation des écosystèmes, ses conclusions sont sous-évaluées. Les chiffres ne portent que sur près de 100 espèces exotiques en France, alors qu’on en compte plus de 2 700.

Corbicule, ambroisie, moustique tigre,... Ces espèces qui menacent nos écosystèmes

Les poissons, les insectes, les rats, les papillons qui viennent d’ailleurs et qui s’installent en France métropolitaine et dans les territoires d’Outre-mer ont un coût environnemental, sanitaire et économique. Sur la Loire par exemple, les pêcheurs s’inquiètent du développement d’un mollusque venu d’Asie qui nuit directement aux espèces locales. "La corbicule c'est un mollusque originaire du Mékong, un fleuve tropicale du Vietnam, Laos, Cambodge", explique Philipe Boisneau, qui représente les pécheurs d’eau douce français. "Comme il y a un port à bois à Nantes et un port à bois à Hô Chi Minh-Ville, on suppose que quand on charge l'eau dans les ballasts des cargos pour les équilibrer à Hô Chi Minh, on relâche un peu d'eau du Mékong dans l'estuaire de la Loire pour équilibrer le cargo et probablement que des larves nageuses sont arrivées dans la Loire."

"Depuis, tous les cours d'eau français ont été envahis par cette corbicule qui a la capacité de filtrer tout le phytoplancton qui est la base de la chaîne biologique de nos systèmes d'eau douce. Les stocks de poisson d'eau douce ont chuté brutalement de 60 à 80%." 

Philippe Boisneau, représentant des pêcheurs d'eau douce

à franceinfo

L’alliance de l'action de l’homme et du réchauffement climatique permet ainsi aux espèces exotiques de migrer. En France, dans le trio de tête des espèces qui provoquent le plus de dégâts, on retrouve à la première place l'ambroisie, une plante originaire d’Amérique du nord très implantée en Auvergne-Rhône-Alpes. Plus d'un demi-million de personnes ont souffert d'allergies, pour un coût sanitaire total estimé en 2016 à 40 millions d'euros. 

Prévenir l'arrivée de nouvelles espèces

On retrouve ensuite les moustiques vecteurs de maladies, parmi lesquels le moustique tigre, dont la zone d'implantation s’agrandit. Pour David Renault, l'un des auteurs de l’étude, il sera donc difficile de revenir en arrière pour les espèces déjà enracinées, mais il est temps d’investir plus lourdement sur la prévention : "Il sera sans doute difficile d'agir tout de suite contre les espèces qui sont d'ores et déjà invasives et qui ont des niveaux de population qui sont très forts à l'heure actuelle pour certaines d'entre elles", estime David Renault. "Néanmoins, on peut détecter de manière précoce l'arrivée de nouvelles espèces et lutter au moment où elles arrivent, où elles vont s'établir. Et donc là, ne pas se retrouver dans dix ans avec des nouvelles espèces de moustiques, de drosophiles, qui poseront de nouveaux problèmes", poursuit-il.

Cette première étude de coût a été menée par un consortium de chercheurs, piloté par le CNRS, l’Université Paris Saclay et AgroParis Tech.  

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