Interdiction de la chasse à la glu : "Il faut espérer que le lobby des chasseurs ne gagne pas", réagit la Ligue de Protection des Oiseaux
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili veut faire interdire la pratique de la chasse à la glu pour attraper les oiseaux. "La France ne pouvait pas se permettre d'être le vilain petit canard qui laisse torturer les oiseaux", estime mercredi Yves Verilhac, directeur général de la Ligue de Protection des Oiseaux.
La nouvelle ministre de la Transition écologique veut faire interdire la chasse à la glu, pratique consistant à piéger des oiseaux avec de la colle. Barbara Pompili a l'intention de mettre les quotas de capture à la glu à zéro pour la saison prochaine. La France est un des derniers pays européens à autoriser cette pratique, ce qui lui a valu une mise en demeure par la Commission européenne en juillet 2019. "La France ne pouvait pas se permettre d'être le vilain petit canard qui laisse torturer les oiseaux", réagit mercredi 29 juillet sur franceinfo Yves Verilhac, directeur général de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).
franceinfo : La Ligue de Protection des Oiseaux souhaitait voir disparaître cette technique, vous vous êtes enfin fait entendre ?
Yves Verilhac : La France était le dernier pays européen qui autorisait ce piégeage cruel et non sélectif avec de la colle, sous forme de dérogation. La Commission européenne a rappelé la France à ses obligations et lui a donné trois mois pour arrêter ses bêtises. Désormais, il faut espérer que le lobby des chasseurs ne gagne pas. Mais à la veille d'accueillir le congrès mondial de la nature de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature [en janvier 2021 à Marseille] la France ne pouvait pas se permettre d'être le vilain petit canard qui laisse piéger et torturer les oiseaux.
En France, 500 000 oiseaux sont braconnés chaque année. Combien le sont avec cette technique de la chasse à la glu ?
40 000 oiseaux piégés à la glu par 5 000 piégeurs au total, dans seulement cinq départements de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais ailleurs, dans le Massif Central par exemple, on écrase les oiseaux avec une pierre, dans le Sud-Ouest on les capture avec des filets et des petites cages métalliques, dans les Ardènes on les étrangle avec des lacets.
La France a des traditions bien spéciales quand même !
Yves Verilhacà franceinfo
Sur la glu, le préfet refuse de nous communiquer les sites de piégeage alors que c'est censé être sous contrôle. Nous, nous avons mis des caméras et on a filmé, à leur insu, les piégeurs. On y voit des piégeurs qui attrapent des rouges-gorges, des mésanges, des fauvettes, qui sont massacrés et aspergés d'essence pour les décoller de la colle, puis jetés comme des pierres. Les cadavres sont ensuite ramassés.
Sur toutes ces autres techniques, présentes en France, il n'y a pas de directives européennes ?
Pour le moment, la Commission européenne menace la France de poursuite devant la Cour de justice de l'Union européenne pour la glu, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, et pour les filets et le matole dans le Sud-Ouest. Elle n'a pas visé les pierres plates, qu'on appelle les lecques dans le Massif Central, ni les lacets dans les Ardennes. Elle considère que les quantités sont trop faibles, car il y a peu de pratiquants, et peu d'oiseaux concernés. Il faut que les Français sachent qu'à cause de 5 000 piégeurs, qui représentent 0,5% du million de chasseurs en France, nous risquons d'avoir plusieurs millions d'amendes à payer pour que des gens s'amusent à aller coller des oiseaux.
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