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Sciences : 4 500 classes démarrent lundi une expérience sur le blob orchestrée par Thomas Pesquet

Du CE2 à la Terminale, des milliers d'élèves vont comparer leurs observations sur ces étranges créatures formées d'une seule cellule.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un blob, le 16 octobre 2019, au parc zoologique de Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Une initiative inédite. A partir de lundi 11 octobre et jusqu'au 17 octobre, plus de 4 500 classes à travers la France se lanceront dans une expérience orchestrée depuis l'espace par Thomas Pesquet et dirigée par le CNES (Centre national d'études spatiales). Elle consistera à comparer le comportement du blob sur Terre et en apesanteur, à 400 km d'altitude.

Du CE2 à la terminale, des milliers d'élèves vont observer ces étranges créatures formées d'une seule cellule. Dès réception de leurs "blobs kits" à la rentrée, les enseignants ont démarré les élevages et découvert avec fascination cet être vivant répondant au nom scientifique de "Physarum polycephalum", peuplant les sous-bois.

La créature, apparue sur Terre il y a entre un milliard et 700 millions d'années - bien avant les dinosaures - n'est composée que d'une seule cellule et de plusieurs noyaux, qui peuvent se multiplier. Semblable à une masse spongieuse jaune, elle n'a ni bouche, ni estomac, ni pattes, ni cerveau... et pourtant mange (beaucoup), se déplace (lentement), et possède d'étonnantes capacités d'apprentissage.

"J'en ai presque 20 maintenant !"

Le blob peut se diviser à volonté, fusionner avec d'autres, et se mettre en dormance en se déshydratant, ce qui le rend quasiment immortel. C'est dans cet état desséché, dit de sclérote, que des morceaux de blob ont été propulsés vers la Station spatiale internationale en août. Dans la foulée, des milliers de clones issus de la même souche que leurs congénères spatiaux ont débarqué, sous enveloppe, dans les établissements scolaires.

Les classes terriennes se sont transformées peu à peu en mini-laboratoires. Il a d'abord fallu réveiller les blobs séchés, avec quelques gouttes d'eau, les installer dans des boîtes de Petri, à l'abri de la lumière, sur un lit de gélose pour qu'ils se développent. "C'est prenant ! Il faut s'en occuper, changer la gélose tous les deux jours, les nourrir...." confie à l'AFP Cécile Lefebvre, professeure de SVT dans un collège de Saint-Arnoult-en-Yvelines. Sa sclérote s'est développée à toute vitesse : "J'en ai presque 20 maintenant !" se félicite l'enseignante, qui a monté un projet interdisciplinaire sur le blob avec ses collègues (mathématiques, physique, anglais...).

"Des images de science-fiction dans la tête"

D'autres ont connu des débuts plus contrariants. "Notre première 'fournée' a moisi, parce qu'on avait pas assez changé les géloses", raconte Alexandra Da Paz, qui enseigne à l'école élémentaire Paul-Bert à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Cette petite mésaventure lui a permis d'expliquer à ses élèves que le blob, s'il était presque immortel, "n'était pas invincible", se souvient cette professeure des écoles qui, depuis, a fait prospérer d'autres sclérotes gardées en réserve.

Comparé aux habituels élevages de phasmes ou d'escargots, l'organisme unicellulaire bouscule tellement les codes qu'il peut susciter l'appréhension. "Certains ont des images de science-fiction dans la tête, d'une chose jaunasse qui va leur sauter au visage", raconte Emmanuelle Bohbot, maîtresse de CM1-CM2 dans le nord de Paris. Le nom blob a d'ailleurs été donné en référence à un film d'horreur de 1958 avec Steeve McQueen, où une créature extraterrestre gluante envahit la Terre.

Sur le groupe Facebook "Elève ton blob", plus de 7 000 enseignants s'échangent des conseils sur leurs physarum polycephalum, affublés de surnoms en tous genres ("Blob Marley", "Blob Dylan", "Bloby-Wan Kenobi...") : comment fabriquer la gélose (avec de l'agar-agar), le nourrir (des flocons d'avoine)... Un enseignant y a même posté une vidéo de tentative de dégustation de blob - vite recraché.

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