Trois choses à savoir sur la baleine à bec de Travers, "la plus rare au monde", dont un spécimen s'est échoué en Nouvelle-Zélande
Elle est considéré comme "la baleine la plus rare au monde". Le 4 juillet, le corps d'une baleine à bec de Travers s'est échoué sur les côtes de Nouvelle-Zélande, dans la province d'Otago au Sud du pays. Des experts en mammifères marins l'ont identifiée comme étant un mâle. Jusqu'à aujourd'hui, seuls six spécimens ont été documentés dans le monde, tous des animaux retrouvés morts échoués sur des plages. La découverte a fait beaucoup parler car étant plutôt récente, les restes de l'animal vont pouvoir être étudiés. Des échantillons de son ADN ont d'ailleurs été envoyés à l'université d'Auckland pour être analysés. Franceinfo vous présente trois choses à savoir sur cette baleine.
1 C'est seulement la troisième baleine intacte de cette espèce que l'on retrouve
Il y a bien eu des descriptions faites en 1974 à partir d'une mâchoire inférieure et de deux dents prélevées dans les îles Chatham, au large de la côte est de la Nouvelle-Zélande, mais seuls trois spécimens intacts ont été retrouvés. Le premier d'entre eux provient d'une mère et d'un baleineau échoués dans la baie de Plenty en 2010, a indiqué le ministère néo-zélandais de la Conservation, alors que le second remonte à 2017 à Gisborne, à l'Est de l'île du Nord. Si cette espèce est dite rare, c'est notamment parce qu'"il n'y a jamais eu d'observation en mer confirmée. C'est une baleine qui n'est connue que par des échouages", explique à franceinfo Olivier Van Canneyt, coordinateur des dispositifs d'observation à l'Observatoire Pélagis, spécialisé dans l'observation des mammifères et oiseaux marins.
"De manière générale, les baleines à bec sont une famille de cétacés assez peu connue. Paradoxalement, c'est une des familles de cétacés qui comprend le plus grand nombre d'espèces puisqu'on a plus d'une vingtaine d'espèces au sien de ce groupe, mais beaucoup d'entre elles sont des espèces qui vivent dans des zones éloignées, très au large, en zone océanique, explique le scientifique. Et quand il s'agit de l'hémisphère Sud et du Sud Pacifique, forcément c'est encore plus éloigné que des baleines à bec qui vivent dans l'océan Atlantique où les échouages sont déjà plus probables".
La probabilité de tomber sur cette espèce est d'autant plus faible que"dans ces zones-là il n'y a pas beaucoup d'observation en mer, ce sont des zones qui sont assez peu fréquentées", complète Olivier Van Canneyt.
2 Elle peut passer trois heures en apnée sous l'eau
Ce sont des espèces "très discrètes", confirme le chercheur. "Ce sont des animaux qui peuvent plonger très longtemps, très profondément", précise-t-il. "Ce sont des grands plongeurs donc des animaux qui descendent à plusieurs milliers de mètres de profondeur, le record n'est pas loin de 3 000 mètres de profondeur."
"Ces baleines passent trois heures en apnée et ensuite quelques dizaines de minutes en surface", ce qui renforce le peu de probabilité de tomber sur l'une d'elles, insiste le spécialiste. "Donc pour toutes ces raisons-là : grand plongeur, zone océanique du large, Pacifique Sud, des populations d'animaux qui sont aussi probablement pas très denses, ça en fait de manière générale des espèces rares", conclut Olivier Van Canneyt.
3 C'est la première fois qu'une telle espèce pourrait être disséquée
"La découverte était suffisamment récente pour offrir la première occasion de disséquer une baleine à bec de Travers", a souligné le ministère de la Conservation néo-zélandais. Le corps de la baleine repose pour l'instant en chambre froide et des échantillons de son ADN ont été envoyés à l'université d'Auckland à des fins d'analyse et pour confirmer son identification, ce qui peut prendre des mois ou des semaines. "La rareté de cette baleine fait que les conversations sur ce qu'il convient de faire ensuite prendront plus de temps, car il s'agit d'une conversation d'importance internationale", a déclaré le ministère.
À nos confrères de Libération, Jean-Luc Jung, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, explique que l'étude de cet animal "va permettre de mieux identifier les critères de cette espèce : son ADN, sa morphologie et son anatomie. Nous connaissons l’anatomie des os de ces baleines depuis 2010, mais nous ne connaissons pas du tout ses parties molles [tout ce qui n’est ni osseux ni interne, comme la peau ou les muscles] et son organisme", explique le scientifique.
Disséquer cette baleine pourrait aussi nous apprendre les causes de sa mort, mais également renseigner davantage sur son mode de vie, estime le professeur, rappelant au passage que "nous sommes des cousins très proches des cétacés." Et de conclure : "ce qui les touche nous touche, ou nous touchera, à coup sûr."
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