Cadarache a sous-évalué ses dépôts de plutonium
Evaluation initiale : 8 kg. Poids réel : 22 à 39 kilos ! Ce sont donc d'importantes quantités de plutonium, une matière potentiellement dangereuse pour les ouvriers qui travaillent sur place, qui auraient échappé à tout inventaire.
" Tout simplement hallucinant ! " a réagi le responsable de la campagne énergie/nucléaire de Greenpeace France, Yannick Rousselet. "Uranium de retraitement abandonné en Russie, kilos de plutonium oubliés à Cadarache: comment l'industrie nucléaire ose-t-elle prétendre qu'elle gère ses déchets ?" s'interroge l'organisation écologiste dans un communiqué.
Et le plus grave peut-être, c’est que cet incident, classé au niveau 2 de l'échelle internationale de gravité des événements nucléaires (qui en comporte 7) par l'Autorité de sûreté nucléaire, a, semble t-il, été caché plus de trois mois. Trois jours après le signalement par le CEA, une inspection de l'installation a eu lieu le 9 octobre. Or, celle-ci "a permis de confirmer que le CEA avait connaissance de l'incident depuis le mois de juin 2009 ", rapporte en effet l'ASN.
Dans un communiqué, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo "regrette profondément qu'un tel délai se soit écoulé entre la découverte de cette situation et sa déclaration ". "Cette transparence et cette exigence de sécurité sont les conditions incontournables de la fourniture d'électricité d'origine nucléaire. Elles seront respectées", promet-il.
" L'incident n'a eu aucune conséquence ", assure l'ASN, mais la "sous-estimation de la quantité de plutonium avait conduit à réduire fortement les marges de sécurité destinées à éviter un accident de criticité dont les conséquences potentielles pour les travailleurs peuvent être importantes".
Le CEA de Cadarache est l'un des neuf centres de recherche du Commissariat à l'énergie atomique. Exploité par Areva, cet atelier de technologie du plutonium (ATPu) est à l'arrêt définitif et en cours de démantèlement depuis début 2009.
Cécile Mimaut, avec agences
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