Circulation alternée : moins de bouchons, plus de PV
Quelles sont les conséquences de la mesure du gouvernement de n'autoriser la circulation que de la moitié des véhicules immatriculés ? Réponses avec francetv info.
Un trafic moindre sur la route, plus de monde dans le métro et quelques galères au programme ? La mise en place de la circulation alternée à Paris et dans sa proche banlieue transforme modestement le visage de la capitale, lundi 17 mars. Sauf dérogations, seules les voitures et motos dotées de plaques impaires sont autorisées à circuler dans la capitale et 22 communes limitrophes.
Francetv info liste les premiers enseignements de cette initiative.
Deux fois moins de bouchons que d'habitude en région parisienne
Peu avant 8 heures, le Centre national d'information routière comptait 90 km de bouchons dans la région contre de "200 à 250 km" un jour de semaine à la même heure. "Par rapport au lundi 10 mars 2014, pris comme journée de référence, la congestion sur le réseau structurant d'Ile de France, sur la période correspondant à l'heure de pointe du matin (8h-10h), a baissé aujourd'hui de 62 %", précise le ministre de l'Ecologie Philippe Martin dans un communiqué.
Le périphérique parisien, habituellement congestionné aux heures de pointe (de 7 heures à 9 heures environ) était fluide vers 8 heures et les embouteillages se concentraient sur l'autoroute A86. "Les 179 points de contrôle mis en place par la préfecture de police ont été positionnés pour ne pas gêner la fluidité du trafic et n'ont engendré aucune difficulté de circulation", note encore le ministre qui souligne que 90 % des véhicules en circulation dans la capitale portaient une plaque impaire.
Près de 4 000 infractions à 12 heures
Près de 4 000 procès-verbaux (3 859) pour non-respect de la circulation alternée, et 1 884 infractions pour d'autres motifs, ont été relevés à 12h00, selon la préfecture de police de Paris. Parmi les autres motifs figurent le non-respect de la réglementation par les poids lourds en transit.
"Le comportement de 27 contrevenants a nécessité l'immobilisation administrative de leur véhicule", précise-t-elle. "Les appels au civisme et au respect de la réglementation ont été largement respectés et suivis d'effet, 90% des véhicules en circulation dans la capitale se révélant être des véhicules autorisés à circuler".
Quelque 700 policiers sont répartis sur une soixantaine de sites pour contrôler les véhicules, a indiqué dimanche à la presse le directeur de l'ordre public et de la circulation, Alain Gibelin.
Du monde dans les transports en commun, gratuits
Lundi matin, SNCF Transilien a prévenu les usagers sur son site internet : "Les trains seront très chargés entre 7 heures et 9 heures ainsi qu'entre 17 heures et 19 heures du fait de la gratuité des transports annoncée à l'occasion du pic de pollution." Elle incite par ailleurs ses clients à voyager, s'ils le peuvent, aux heures creuses.
Du coup, quand le RER C a fait défaut, en raison d'une panne de signalisation, les usagers ont ironisé sur Twitter.
Sur le @RERC_SNCF, la circulation n'est pas alternée. Il n'y a pas de circulation du tout. Bravo.
— verdeilhan (@verdeilhan) March 17, 2014
Je crois que le RER C fonctionne aussi sur les numéros pairs / impairs. #biendebuterlasemaine
— Vincent Bouffard (@CloneVince) March 17, 2014
Pour compenser l'immobilisation forcée de la moitié des voitures, les transports publics sont gratuits, et la SNCF et la RATP offrent "plus d'un million de places supplémentaires" sur certaines lignes de métro, RER et Transiliens. Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France, a déclaré que la gratuité des transports franciliens instaurée depuis vendredi coûtait à sa région 4 millions d'euros par jour. "Je suis en discussion avec le gouvernement" pour "qu'il prenne sa part de la charge", a-t-il noté, invité de LCI, où il s'est rendu à bord d'un véhicule immatriculé paire, mais hybride, et donc autorisée.
Des sites de covoiturage en surchauffe
Les propriétaires de voitures à l'immatriculation paire sont autorisés lundi à circuler à condition d'avoir au moins deux autres personnes à bord. Du coup, Blablacar, site qui revendique 95% des annonces de covoiturage en France, a annoncé une augmentation en Ile-de-France de 17% des offres. Mais impossible de satisfaire toutes les demandes, qui elles, ont bondi de 42%.
"Il y a beaucoup de gens qui cherchent une solution [de transport], mais pas beaucoup qui trouvent", a souligné lundi Laure Wagner, porte-parole du site. Pour le covoiturage, "si c'est déjà compliqué de trouver un binôme, à trois ça devient quasi-impossible". Selon elle, la plupart des personnes intéressées par le covoiturage ont cherché lundi à se déplacer d'une banlieue vers une autre, plutôt que depuis ou vers Paris.
Les locations de voitures (à plaque impaire) s'emballent
Comme les sites en ligne de covoiturage, ceux qui propose des locations de voitures ont enregistré un pic d'activité : E-loue, qui se présente comme la première centrale de réservation entre particuliers, a ainsi constaté dès dimanche 30 fois plus de demandes pour des locations de voitures en Ile-de-France. Le critère principal : une plaque d'immatriculation impaire, seule autorisée à circuler lundi.
"On s'est retrouvés rapidement à court de stock", a reconnu lundi Alexandre Woog, le directeur du site. "On essaie de concilier l'offre et la demande, mais il y a beaucoup plus de demandes que d'offres" pour des voitures qui se louent entre 15 à 20 euros par jour, ajoute-t-il.
Paulin Dementhon, du site de location de voitures entre particuliers Drivy, a quant à lui constaté "plusieurs dizaines de messages" supplémentaires sur son site dimanche. Son site, qui compte 200 000 inscrits, dont 40% en Ile-de-France, a ajouté une mention spéciale sur son moteur de recherches pour que les clients puissent préciser s'ils proposent des voitures à l'immatriculation "paire ou impaire".
Une "nette amélioration" de la qualité de l'air
Airparif prévoit "une nette amélioration" de la qualité de l'air en Ile-de-France mardi. Les seuils d'information ou d'alerte ne seront pas dépassés, a indiqué l'organisme en charge de la surveillance de la qualité de l'air. Pour lundi, la concentration moyenne en particules devrait être comprise entre 40 et 55 microgrammes par m3, le seuil d'information étant fixé à 50 microgrammes, celui d'alerte à 80. En revanche, l'organisme n'a pas indiqué si la mise en place de la circulation alternée avait permis d'accélérer cette amélioration.
Conscient de la difficulté pour certains de s'adapter à cette mesure, le Premier ministre a déclaré lundi matin que le gouvernement souhaitait "convaincre chacun que la pollution est préjudiciable à tout le monde". "Il faut vraiment faire reculer la pollution. (...) La pollution va partir mais le problème est un problème durable. Pour l'avenir, les mesures qui ont déjà été prises vont être amplifiées", a-t-il ajouté, citant en exemple Autolib', à Paris. Ou encore, une éventuelle prolongation du dispositif à la journée de mardi.
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