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Tri à la source des biodéchets obligatoire en 2024 : "On ne sera pas dans les délais", affirme la directrice de Zero Waste France

Juliette Franquet, la directrice de l'association Zero Waste France, revient sur l'obligation de s'équiper d'une solution de tri à la source des biodéchets à partir du 1er janvier 2024.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une poubelle à compost à Terraube (Gers), en janvier 2023. Photo d'illustration. (SEBASTIEN LAPEYRERE / HANS LUCAS)

Dans une première version de cet article, publiée le 21 septembre, des formulations imprécises assimilaient le compostage au tri à la source des biodéchets. Or le compostage n'est qu'une des méthodes de valorisation des biodéchets. L'article a été republié en clarifiant cette ambiguïté.


"On est très loin du compte et on est très inquiets", a déclaré jeudi 21 septembre sur franceinfo la directrice de l'association Zero Waste France, Juliette Franquet, à propos de l'obligation de tri à la source des biodéchets au 1er janvier 2024, et alors que le président Emmanuel Macron doit détailler les dispositions de la planification écologique lundi 25 septembre.

franceinfo : Une loi de 2020 qui vise notamment à lutter contre le gaspillage alimentaire impose de mettre en place un tri à la source des biodéchets à partir du 1er janvier 2024, pour permettre notamment leur compostage. Serons-nous dans les temps ?

Juliette Franquet : Non, on ne sera pas dans les délais. Samedi 23 septembre, on sera à 100 jours de cette application de loi, et la moitié voire le quart de la population seulement pourra être équipée. On est donc très loin du compte et on est très inquiets : une loi a été votée en 2020, mais ça date en réalité d'avant, de la loi pour la croissance verte de 2015. Donc ça fait 8 ans qu'on sait qu'il faut qu'on soit prêt, et on ne le sera pas.

Des villes sont-elles déjà équipées en solutions de tri à la source ?

Il y a de bons exemples en France et à l'international, ce qui nous rend optimistes et ça montre que c'est faisable quand on met les moyens. En France, on parle de Lorient, Besançon, Grenoble... À l'étranger, on parle beaucoup de Milan. Quand on nous dit qu'une grande métropole ne peut pas le mettre en place parce que c'est compliqué, là-bas il y a 1,5 million d'habitants qui le font depuis 2012 et ça leur permet d'éviter d'émettre des millions d'équivalents de tonnes de CO2. En France, seulement 100 communes sont concernées par la collecte de biodéchets, soit 6% de la population.

Que met-on dans le bac de tri ?

La nouveauté, c'est qu'on va prendre les déchets alimentaires. Bien entendu, le premier combat, c'est de réduire le gaspillage qui représente encore 10 millions de tonnes par an en France, mais il restera toujours des restes de repas. On parle de 5 millions de tonnes par an de déchets, qui finissent aujourd'hui brûlés ou en décharge avec des pollutions extrêmes. Ce sont ces déchets-là, qui représentent 30% de notre poubelle noire ou marron, qu'il faut aller récupérer et valoriser.

Ces biodéchets sont-ils une source d'énergie ?

Avec les biodéchets, on peut soit composter soit méthaniser. Le compost, c'est un retour à la terre donc ça permet de nouveaux amendements pour l'agriculture locale. Dans le Haut-Rhin par exemple, une communauté de communes permet de prendre 60 kilos par habitants et par an et de les utiliser dans l'agriculture locale. La méthanisation est un autre système qui permet d'avoir un type de compost, mais aussi de l'énergie.

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