Biodiversité : "C'est encore le parent pauvre des engagements internationaux", se désole WWF France
"La biodiversité est encore le parent pauvre des engagements internationaux", se désole lundi 27 novembre sur France Inter Jean Burkard, directeur du plaidoyer chez WWF France, alors que le gouvernement doit dévoiler sa "stratégie nationale biodiversité" ce lundi, à quatre jours de la COP28 sur le climat à Dubaï. Jean Burkard souligne qu'une prise de conscience a bien commencé à avoir lieu au sujet de la "crise climatique", mais il estime qu'il "y a encore du travail à faire, des gens à sensibiliser sur la biodiversité".
Le directeur du plaidoyer chez WWF France rappelle que "la biodiversité remplit des fonctions indispensables à notre survie, en tant qu'économie et en tant que société". La défense de la biodiversité suppose de s'interroger "au-delà du réchauffement climatique", sur les "questions de pollution de l'eau, de l'air, de la terre et sur la question de l'artificialisation des sols".
La Première ministre Élisabeth Borne doit présenter ce lundi matin la version finale de la "Stratégie nationale biodiversité", feuille de route du gouvernement pour sauvegarder la nature. Avec cette troisième stratégie nationale, WWF espère pouvoir "embarquer un maximum d'entreprises, grandes et petites, pour qu'elles prennent conscience de leur impact sur la biodiversité et qu'elles s'engagent dans des démarches qui permettent de réduire cet impact". Le directeur de plaidoyer de l'ONG invite par exemple les entreprises à "aller voir leurs fournisseurs et s'assurer qu'ils ne pratiquent pas la déforestation".
"Une éponge contre un Kärcher"
Si Jean Burkard se félicite d'avoir une telle stratégie, il tient cela dit à souligner qu'il "existe encore des stratégies contre la biodiversité" en France. Le directeur du plaidoyer chez WWF France évoque notamment les "10 milliards d'euros de subventions versés chaque année et dommageables à la biodiversité". Il cite notamment les "7 milliards d'euros pour l'agriculture" et pointe du doigt spécifiquement l'agriculture intensive. Il l'accuse notamment de "détruire la terre, les pollinisateurs et l'eau". "Quand on favorise l'agriculture intensive, on détruit la biodiversité", dénonce-t-il. Jean Burkard craint donc que "tant qu'on aura ces subventions dommageables à la biodiversité, les politiques en faveur de la biodiversité [représenteront] une éponge contre un Kärcher".
Jean Burkard juge l'enveloppe consacrée à la biodiversité "insuffisante". En juillet, la Première ministre avait en effet annoncé débloquer 264 millions d'euros de crédits supplémentaires consacrés à la biodiversité. Mais le directeur du plaidoyer chez WWF France estime que cela n'est pas assez comparé au montant des subventions versées notamment à l'agriculture. "On n’en fera jamais assez pour la biodiversité vu les dégradations qu'on a", regrette-t-il.
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