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COP28 à Dubaï : huit ans après l'accord de Paris, les objectifs climatiques mondiaux sont loin d'être respectés

Article rédigé par Camille Adaoust, franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La COP21 se termine sur un vote sur l'accord de Paris sur le climat, le 12 décembre 2015 à Paris. (ESPECIAL / NOTIMEX / AFP)
La COP28 est l'occasion d'établir un premier bilan de l'accord de Paris sur le climat. Les pays doivent y faire état des résultats de l'action passée. Avant ce rendez-vous, franceinfo a consulté plusieurs analyses sur le sujet.

Des objectifs loin d'être tenus. La COP28, qui se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, va être l'occasion pour les pays du monde entier de dresser un bilan des objectifs définis lors de l'accord de Paris, en 2015. Huit ans après l'adoption de ce traité international, qui engage les signataires à limiter le réchauffement "bien en deçà" de 2°C et de 1,5°C si possible, les 194 pays membres et l'Union européenne vont donc évaluer l'action menée jusqu'à présent pour atténuer le réchauffement climatique et s'adapter à ses conséquences. Ce travail sera un préalable important à la révision obligatoire des plans nationaux d'action d'ici 2025 et la COP30 prévue au Brésil.

Les voyants sont au rouge. Les négociateurs eux-mêmes le reconnaissent : "Malheureusement, on est tous d'accord sur le fait qu'on n'est pas du tout là où on devrait être", déplore auprès de franceinfo Stéphane Crouzat, ambassadeur climat de la France. Avant la retranscription politique de ce travail, voici les différentes analyses déjà parues.

Le monde "n’est pas en passe d’atteindre" ses objectifs, selon un premier bilan

Un premier document a été publié en septembre par l'ONU Climat. Il s'agit du bilan technique de l'accord de Paris, réalisé dans le but de préparer le bilan qui va être négocié par les Etats à la COP28, sur la base des plans d'actions nationaux de chaque pays signataire. "Depuis son adoption, l'accord de Paris a impulsé une action climatique quasi universelle, mais la communauté mondiale n’est pas en passe d’atteindre les objectifs à long terme qui y sont énoncés, malgré les progrès réalisés", peut-on y lire. Le bilan s'inquiète en effet que les émissions de gaz à effet de serre mondiales "ne suivent pas les trajectoires d’atténuation modélisées" qui permettraient de limiter le réchauffement à 1,5°C et que les possibilités de respecter l'accord de Paris "s’amenuisent rapidement".

"Le premier bilan mondial se déroule à un moment critique pour l’accélération des progrès collectifs. Tous les acteurs doivent faire beaucoup plus, sur tous les fronts, pour atteindre les objectifs à long terme de l’accord de Paris."

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques

dans son bilan technique

Le document invite à un sursaut mondial, soulignant la nécessité de sortir des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), d'accélérer le déploiement des renouvelables et de débloquer les mécanismes financiers pour l'adaptation, la transition et le développement. Enveloppe à remplir, selon l'ONU : "des milliers de milliards de dollars". "Il faut transformer les systèmes dans tous les secteurs et dans tous les contextes, notamment en développant les énergies renouvelables, tout en éliminant progressivement tous les combustibles fossiles sans dispositif d’atténuation, en mettant fin au déboisement, en réduisant les émissions autres que le CO2 et en appliquant des mesures axées à la fois sur l'offre et sur la demande", écrivent les experts. Autant de solutions souvent déjà "prêtes à être appliquées", qui attendent une volonté politique.

Des "pas de géant" nécessaires pour combler les manques du passé

L'ONU a publié une autre analyse qui entre dans le détail, se penchant sur les plans nationaux sur le climat. Selon elle, les engagements actuels des pays mènent à 2% de baisse des émissions entre 2019 et 2030. Au lieu des 43% préconisés pour limiter le réchauffement à 1,5°C, établis par le Giec. L'analyse de l'ONU, "conformément aux conclusions de l'an dernier, indique que si les émissions n'augmentent plus après 2030 par rapport aux niveaux de 2019, elles n'affichent toujours pas la baisse rapide jugée nécessaire par la science dans cette décennie", soulignent ses auteurs.

Cette conclusion montre que les gouvernements doivent passer des "petits pas" aux "pas de géant lors de la COP28", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. En attendant, "nous sommes hors piste", alerte-t-il. "Des progrès centimètre par centimètre ne feront pas l'affaire", a appuyé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Le temps est venu d'une supernova de l'ambition climatique dans chaque pays, ville, secteur", a-t-il ajouté.

Le réchauffement pourrait dépasser l'objectif de 1,5°C

Quelles pourraient être les conséquences de ce manque d'ambition sur le climat ? C'est à cette question que tente de répondre le Climate Action Tracker (CAT), organe de référence créé par une communauté d'experts et piloté par des ONG environnementales. La réponse réside entre 1,8°C et 2,7°C de réchauffement au cours du siècle. Environ +1,8°C si l'on est "optimiste", supposant que toutes les promesses des Etats soient bien appliquées. Et +2,7°C en moyenne si l'on veut être réaliste, en se basant sur les "politiques et actions" réelles, expose le CAT, accompagné par l'institut allemand NewClimate, dans son analyse datant de novembre 2022 et suivant "39 pays et l'UE, couvrant 85% des émissions mondiales".

Le constat est partagé par le Giec. Dans leur dernier rapport, les experts mandatés par l'ONU écrivent : "En 2030, les émissions mondiales de gaz à effet de serre découlant des [plans d'actions des Etats] annoncés jusqu'à octobre 2021 rendent probable un réchauffement au-delà de 1,5°C au cours du XXIe siècle et rendent difficile de le limiter sous 2°C." Traduction : sans plans d'action plus ambitieux, les deux seuils vitaux pour l'humanité établis dans l'accord de Paris resteront inatteignables.

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