Climat : les négociations de la COP24 patinent, la conférence est prolongée d'une journée
Les négociations, qui devaient s'achever vendredi, se tiendront également samedi pour tenter de parvenir à un accord. Les participants sont divisés sur le financement des politiques climatiques et la mention du rapport du GIEC.
La 24e conférence climat de l'ONU (COP24) joue les prolongations samedi 15 décembre. Prévue pour se terminer vendredi, la COP de Katowice (Pologne) se prolongera au moins jusqu'à samedi. La mission des négociateurs : trouver le mode d'emploi de l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement global à 2°C, voire 1,5°C, par rapport au niveau pré-industriel.
Ce sprint final arrive après deux semaines agitées, crispées par un contexte géopolitique défavorable à la cause climatique. Elles ont notamment été marquées par une controverse imprévue sur le rapport scientifique du Giec et par le retour des divisions entre pays du Nord et du Sud, point récurrent des négociations sur le climat. Les implications du "mode d'emploi" ne sont pas anecdotiques. En vertu de l'accord de Paris, les engagements des pays pour réduire les gaz à effet de serre sont volontaires. Mais leur suivi doit être multilatéral, avec des règles de transparence.
Désaccord sur le financement des politiques climatiques
À Katowice, cette discussion sur la manière dont les États devront rendre compte de leurs actions a notamment été l'affaire des États-Unis et de la Chine. Le premier poussant, avec d'autres pays riches, pour des règles de suivi strict, et le second pour la flexibilité accordée aux pays en développement. Mais comment traduire cette flexibilité ? "Il est remarquable que les Etats-Unis continuent à diluer les négociations d'un accord dont ils veulent sortir", a dénoncé Mohamed Adow, de l'ONG Christian Aid's International.
La question des financements des politiques climatiques est l'autre préoccupation des pays pauvres, notamment la manière dont va s'organiser la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025. Washington tente de diluer la "différenciation" entre pays développés et en développement, un principe fondateur des négociations climat, explique un observateur vétéran de ces tractations. L'idée étant pour les Américains, pollueurs historiques, de ne plus baser les engagements des pays sur leurs émissions passées, mais sur leurs émissions actuelles. Autre point de fixation : la mention des "pertes et préjudices", un récent principe inscrit dans l'accord de Paris pour soutenir les pays en développement déjà confrontés aux impacts du réchauffement.
Le rapport du GIEC divise
Mais le mode d'emploi n'est pas le seul objet de controverse. Les délégués doivent encore régler un hic survenu autour de la mention du dernier rapport du groupe des experts de l'ONU (Giec) dans la décision finale. Arabie saoudite, Russie et Etats-Unis refusent l'expression "accueille favorablement" (le rapport du Giec), que les petites îles en particulier réclament absolument. Publié vendredi matin, le projet de décision propose que la COP "invite les parties à faire usage de l'information contenue dans le rapport" du Giec. "La COP reconnaît le rôle du Giec, chargé de fournir les données scientifiques pour informer les parties", ajoute le texte. Si "nous ne reconnaissons pas les enseignements du Giec, nous ne survivrons pas, nous mourrons", a dit le représentant des Maldives Mohamed Nasheed.
A la table des pourparlers, il y a aussi "l'ambition": comment pousser les États, dont les engagements formulés en 2015 pour réduire les gaz à effet de serre sont notoirement insuffisants, à présenter d'ici 2020 des plans renforcés ? Dans le projet de décision, la COP "réitère sa demande" de "mise à jour" de leur contribution d'ici 2020, les mêmes termes que l'accord de Paris, rien de plus. "C'est un début, mais l'entreprise est inachevée", a réagi Jennifer Morgan, pour Greenpeace, réclamant un "signal plus clair" pour relever les ambitions.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.