COP26 : en Ardèche, des habitants d'un écolieu ont décidé de lutter ensemble et à leur échelle pour le climat
À l'occasion de l'ouverture de La COP26, franceinfo s'est rendu dans un écolieu à Boffres (Ardèche), où depuis trois ans, des habitants donnent vie à leur projet "Grain&Sens". Une manière de lutter en recréant des liens perdus avec le vivant et les autres.
Au domaine de Lavenant, à Boffres, en Ardèche, un grand tilleul fait office de gardien des lieux. Sous son feuillage s'épanouissent Joël, Raffa, Victoria... En tout, 11 adultes et quatre enfants vivent dans cet écolieu. De leurs gîtes, les habitants ont une vue majestueuse sur les montagnes. Mais en ce moment, pas le temps de contempler les sommets. "Ce matin, je coupe les tomates en étant en réunion zoom aussi", sourit Romain. Car il faut faire les conserves pour cet hiver.
Cet animateur en agroécologie est l'un des initiateurs de cet écolieu surnommé "Grain&Sens" : la volonté de créer une vie plus juste en accord avec soi et avec la terre. C'est tout jeune qu'il prend conscience de l'urgence climatique. "Je me rappelle d'un livre où il était écrit 'Stop' avec une canette en forme de planète qui était toute cassée, comme si on allait la jeter, raconte-t-il. Et l'idée c'était : 'On ne pouvait pas dire qu'on ne savait pas'. Je me suis dit que dans notre société, on peut douter de tout, de ce qu'on mange, comment on s'habille, et je n'avais plus envie de douter. Une façon de le faire était de le faire moi-même et de commencer par produire ce que je mange."
"Je me sens là où je dois être"
Les habitants produisent 30% de leurs légumes, regroupent leurs achats pour réduire les déchets. Pour la sobriété énergétique, il y a des panneaux solaires. Mais le vrai défi d'un écolieu, c'est le collectif : une semaine sur deux, ils se réunissent pour ce qu'ils appellent "une météo", afin de savoir "comment tout le monde va, si tout va bien."
"L'humain, c'est le plus gros challenge dans les écolieux."
Romain, habitant de "Grain&Sens"à franceinfo
Météo au beau fixe en tout cas pour Raphaël et sa femme Kim. Le couple s'occupe du pain, de la graine à la miche. Ces paysans boulangers les vendent aussi sur les marchés ou les troquent contre des légumes. Ici, ils ont trouvé leur idéal. "On cherchait à réduire notre empreinte carbone et à partager nos valeurs, explique Raphaël. On a trouvé le bon endroit, le bon groupe, la bonne activité. Moi je me sens là où je dois être. Avec le peu que je peux contribuer à cette transition, à ce changement de paradigme, je le fais ici avec mon pain."
L'écolieu a transformé Astrid, une autre habitante. Aujourd'hui, elle a l'impression "de vivre plus avec conscience, être plus dans le partage et la mutualisation, moins dans le compétitif." Elle ne se voit plus vivre autrement. "Forcément ce n'est plus possible, assure-t-elle. On a fait du chemin et on se rend compte que ce qu'il y a encore à découvrir reste immense et on a envie de continuer."
Pour eux et pour l'avenir de Jonah, Seva, Elio et Willem, les enfants de l'écolieu, mais aussi pour montrer à tous que ce possible existe. "Revenez à ce lien, à votre environnement, à la nature, aux autres, coopérez ensemble."
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