Crise climatique : certaines régions de l'océan Pacifique sont confrontées à une montée des eaux encore plus rapide que la moyenne mondiale

Selon un rapport de l'Organisation météorologique mondiale, le niveau de la mer à l'échelle mondiale a augmenté en moyenne de 3,4 mm par an entre 1993 et 2023.
Article rédigé par Zoé Aucaigne
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'archipel des Tuamotu, en Polynésie française, le 7 juillet 2024. (JEAN-BERNARD CARILLET / ONLY FRANCE / AFP)

Les archipels du Pacifique face au risque d'être engloutis. Dans certaines zones de l'océan, la montée des eaux est plus rapide que la moyenne mondiale, selon le rapport de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dévoilé mardi 27 août à l'occasion du Forum des îles du Pacifique. Les 18 Etats membres, dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, sont "en première ligne de la bataille contre le changement climatique", a déclaré Baron Waqa, secrétaire général de l'organisation, à l'ouverture du sommet

En trente ans, entre 1993 et 2023, le niveau de la mer à l'échelle mondiale a augmenté en moyenne de 3,4 mm chaque année. Mais dans le Pacifique, la montée des eaux est plus forte que la moyenne sur plusieurs zones, dont celle autour de l'Asie du Sud-Est (4,52 mm) et celle dans le sud de l'Océanie (4,13 mm).

Le Pacifique en surchauffe

"Les températures des océans variant, comme les températures de l'air varient à travers le monde, le niveau de la mer varie également", explique Peer Hechler, scientifique à l'OMM, à franceinfo. Outre la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, l'élévation du niveau de la mer est aussi provoquée par le réchauffement des océans. Ce phénomène entraîne la dilatation de l'eau, ce qui augmente le volume de l'océan.

Or, au cours de la période 1981-2023, "la quasi-totalité du sud-ouest du Pacifique a montré une tendance au réchauffement de la surface de l'océan, atteignant +0,4°C par décennie" par endroit, détaille le rapport. C'est "trois fois plus rapide que la moyenne mondiale", estimée à +0,15°C par décennie. Une dynamique encore accentuée en 2023, sous l'effet combiné d'El Niño et du réchauffement climatique.

"Les gaz à effet de serre – générés en grande partie par la combustion de carburants fossiles – font que notre planète est en surchauffe. Et la mer en subit les conséquences."

Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU

dans un communiqué

"Le niveau moyen des mers à l'échelle mondiale s'élève à un rythme sans précédent. L'océan déborde", généralise Antonio Guterres. Selon le rapport de l'OMM, le niveau de la mer s'est élevé d'environ 11 cm depuis 1993 et la montée des eaux a été plus rapide ces dernières années. "Si l'on fait la moyenne sur plusieurs décennies, on peut voir l'accélération, avec 2,1 mm/an sur 1993-2002, contre 4,8 mm/an sur 2014-2023", précise Peer Hechler.

Une région particulièrement menacée

Ce phénomène menace des millions de personnes et des archipels entiers dans la région du Pacifique. "Les activités humaines, via la montée des eaux, sont en train de transformer un ami de toujours en une menace croissante", estime Celeste Saulo, secrétaire générale de l'OMM. "Nous constatons déjà une augmentation des inondations côtières, le recul du littoral, la contamination par l'eau salée des réserves d'eau douce et le déplacement des communautés."

"Une catastrophe mondiale met en péril ce paradis du Pacifique."

Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU

dans un communiqué

Et les experts s'attendent à ce que le niveau des océans continue de monter dans la région. A titre d'exemple, la mer à Sydney (Australie) pourrait augmenter de 56 cm d'ici à 2090, selon le scénario le plus pessimiste dressé dans un récent rapport gouvernemental. "Les communautés, les économies et les écosystèmes de l'ensemble de la région du Pacifique Sud-Ouest sont fortement affectés de manière significative par ses impacts en cascade [du réchauffement climatique], insiste Céleste Saulo. Il est de plus en plus évident que nous manquons de temps pour inverser la tendance."


Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.