"Les saisons d'hiver sont de plus en plus courtes" : comment de petites stations de ski tentent de s'adapter au réchauffement climatique

Face au dérèglement climatique, des stations de ski dans les Alpes françaises tentent de revoir leur modèle économique pour subsister.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La station de Chabanon, dans les Alpes de Haute-Provence, en décembre 2023 (MATHILDE VINCENEUX / RADIO FRANCE)

En montagne, la saison des sports d’hiver a démarré. Une bonne partie des domaines skiables ont ouvert leurs portes, mais pour combien de temps encore ? Face au réchauffement climatique, le manque de neige et la crainte de ne pas passer les prochains hivers se font ressentir dans les petites stations de ski, à basse ou moyenne altitude. Alors les domaines tentent de s’adapter, comme à Chabanon, dans les Alpes-de-Haute-Provence, une petite station de la vallée de la Blanche, à deux heures et demie de route de Marseille.

La petite station de ski de Chabanon, c’est 12 remontées mécaniques, entre 1 600 et 2 000 mètres d’altitude, quelques appartements et quelques boutiques. Au restaurant des Cîmes, le gérant répond aux coups de fil des clients qui s’inquiètent de l’enneigement. Anthony Buhagiar entame sa dernière saison ici, il a mis le restaurant en vente, car il n’arrive plus à joindre les deux bouts. "Les saisons d'hiver sont de plus en plus courtes", déplore-t-il. "Le chiffre d'affaires baisse forcément un petit peu. Par exemple l'an dernier, au mois de janvier, on avait très peu de neige, donc très peu de fréquentation. Le manque de neige se ressent."

"On est obligé de développer cette neige artificielle"

Pour tenir jusqu’au printemps, la station est équipée de canons à neige, qui peuvent saupoudrer près de 70% du domaine skiable. "On aimerait pouvoir ouvrir la station qu'avec de la neige naturelle, mais de nos jours, c'est impossible", admet Fabien Barbia, le responsable d’exploitation. "On est obligé de développer cette neige artificielle qui va à l'encontre des principes écologiques, mais qui est nécessaire pour faire vivre la vallée."

Une vallée où le dérèglement climatique est bien visible. Benoît Cazères est le maire de la commune de Selonnet qui englobe la station de ski, un enfant du pays qui a vu la météo évoluer. "Ce qui est très compliqué à gérer, c'est qu'il peut y avoir des variations de température très importantes", observe-t-il. "Un très bon enneigement et dans les 48 heures qui suivent, la pluie fait tout fondre." 

"Ces pics de douceur et ces pics de froid, sur des périodes aussi rapprochées, c'est vraiment quelque chose qui a changé."

Benoît Cazères, maire de Selonnet

à franceinfo

Le maire se veut tout de même optimiste. Chabanon est la seule des trois stations de ski de la vallée de la Blanche qui peut espérer tourner encore l’hiver à l’horizon 2050, selon lui. Mais la saison ne durera plus que quelques semaines, alors des projets d’investissements sont lancés pour attirer les touristes l’été. "Des îlots aquatiques, des parcours de pêche...", égrène le maire Benoît Cazères. "On va changer un téléski par un tapis qui va nous permettre d'exploiter une luge d'été. Il n'y aura pas les retombées économiques que peut avoir le ski, c'est certain, mais il peut y avoir un véritable attrait tout de même porteur de développement économique."

Il faut repenser l’économie des montagnes, insiste-t-il, le regard tourné vers 2030, et l’organisation des JO d’hiver très certainement dans les Alpes françaises. Ce pourrait être un rendez-vous pour réfléchir à l’avenir des stations, espère le maire.

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