Bure : Greenpeace "appelle les gens à se mobiliser le plus fort possible" contre ce projet "irréversible"
Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace, a dénoncé jeudi sur franceinfo l'évacuation des opposants au projet d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse).
Le site de Bure (Meuse), a été évacué jeudi 22 février dès l'aube. 500 gendarmes ont délogé une quinzaine d'opposants au projet d'enfouissement de déchets radioactifs dans le Bois-Lejuc. S'en est suivi une perquisition de la Maison de la résistance de Bure, où une soixantaine de personnes s'étaient barricadées dans les dortoirs, selon un opposant. Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France a réagi jeudi sur franceinfo à cette évacuation.
franceinfo : Êtes-vous en colère après cette intervention policière ?
Yannick Rousselet : Oui nous sommes très en colère. On continue de nous dire qu'il va y avoir de la concertation sur ce projet et en même temps on envoie des forces de l'ordre dans un bois pour virer quelques personnes. On est très opposés à ce projet et on soutient totalement les luttes non-violentes qui peuvent se produire sur le terrain.
Ne peut-on pas mener une concertation d'un côté et également faire cesser une occupation que le gouvernement estime illégale ?
Il faut rappeler que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a déjà été condamnée par la justice pour avoir illégalement fait des travaux dans ce bois. Et c'est elle qui est pressentie pour faire la construction de ce centre d'enfouissement. Donc quand on parle de légalité... Deuxième élément, il y a des recours par rapport à ce bois, il y a toute une démarche juridique, des débats. Il n'y avait aucune urgence à faire ce coup de force qui est avant tout un geste politique et symbolique de la part du gouvernement, pour montrer les muscles. De toute façon on ne pourra pas descendre de déchets dans ce trou avant 2075.
Qu'est-ce qui fait pour vous la dangerosité d'un tel projet ?
Ce sont des déchets de très très haute activité. C'est un concentré de radioactivité qui était dans des combustibles usés. Ce sera mortel, dangereux pour l'humanité pendant des centaines de milliers d'années. La meilleure solution c'est d'arrêter d'en produire, mais pour ceux qui existent aujourd'hui, il faut trouver des solutions raisonnables et réversibles. Dans de nombreux pays on entrepose ces déchets en surface, dans des alvéoles de béton. Cela permet d'observer l'évolution de ces produits, de changer de packaging s'il faut, et cela permet aux générations futures de continuer les études pour gérer l'ensemble de ces déchets. Si on les met sous terre c'est irréversible et on ne peut rien en faire.
Cet après-midi, Nicolas Hulot a dit que rien n'était acté. Vous le croyez ?
Tout le temps qu'il n'y a pas de colis descendus au fond, des discussions doivent avoir lieu. On a bon espoir que la raison l'emporte et qu'on revienne en arrière sur cette très mauvaise idée. On appelle les gens à se mobiliser le plus fort possible contre ce projet, en solidarité avec les opposants qui localement luttent pacifiquement.
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