Environnement : six entreprises françaises sur dix ne respectent pas la loi sur la proportion de voitures électriques, d'après une ONG

Dans un rapport publié jeudi, l'ONG Transport & Environnement dénonce les entreprises françaises qui ne respectent pas les objectifs fixés par la loi d'orientation des mobilités.
Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une voiture électrique à une borne de rechargement, le 25 décembre 2023 (photo d'illustration). (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

60% des grandes entreprises françaises ne respectent pas les quotas d'électrification de leur flotte de véhicules pourtant fixés par la loi d'orientation des mobilités (LOM) de 2019, selon une étude de l'ONG Transport & Environnement publiée ce jeudi. La loi doit s'appliquer aux 3 447 sociétés qui exploitent plus de 100 véhicules légers. Chaque année, elle impose théoriquement un quota minimal de 10%. "L'idée, ce n'est pas tant de dénoncer ces entreprises, mais c'est d'envoyer un message aux directions de ces grands groupes pour leur dire ce n’est pas  normal, il y a une loi qui a été votée, vous devez la respecter. Ça fait deux ans, il n'y a plus d'excuse pour ne pas le faire", a expliqué ce jeudi sur franceinfo Léo Larivière, responsable Transition automobile à l’ONG Transport & Environnement.

Certaines entreprises ne jouent toujours pas le jeu de l'électrification de leur flotte de véhicules. Le constat est fait par l'ONG Transport & Environnement sur la base des immatriculations de voitures neuves et d'utilitaires en 2023.

À peine 4% pour Carrefour ou la SNCF

Carrefour, Air Liquide ou Illiad, la maison mère de Free, se montrent particulièrement mauvais élèves. À peine 1% des véhicules d'entreprise achetés l'an dernier par Air Liquide ou Illiad, que ce soit les voitures pour leurs commerciaux ou des fourgons de livraison, étaient des véhicules électriques ou hybrides rechargeables. 4% à peine pour Carrefour ou la SNCF. L’argument avancé par ces entreprises, le coût élevé des voitures électriques : "ll ne faut pas regarder seulement le coût à l'achat. Il faut regarder le coût sur l'ensemble de la durée d'utilisation du véhicule. Quand on utilise une voiture, il n'y a pas seulement le coût à l'achat, il y a le carburant, il y a l'entretien, il y a l'assurance, il y a la maintenance. Aujourd'hui c'est la voiture électrique qui est la plus compétitive", a affirmé Léo Larivière.

Le député Renaissance Damien Adam a proposé une loi qui vise à introduire des sanctions contre les entreprises rétives : "Le volontarisme depuis deux ans, ça n'a pas fonctionné. il faut aller un cran plus loin. Pas tant pour sanctionner les entreprises, pour remplir les caisses de l'État ou pour le plaisir de taper sur ces entreprises, mais pour leur dire allez-y ! Envoyez le bon signal et mettez en place les conditions pour que ça fonctionne chez vous", a-t-il expliqué. Au global, la voiture électrique représente près de 16 % de part de marché en France en 2023. Les ménages sont à 22 % et les grandes entreprises concernées par la loi à 8 %, soit trois fois moins : "On a clairement matière à aller plus vite et plus loin et plus fort", a assuré Léo Larivière.

D'autres entreprises se montrent au contraire plus vertueuses pour des raisons d'image de marque, de respect de leurs engagements climatiques et même de coût global d'utilisation. TotalEnergies affiche par exemple une part globale de 72% de véhicules pour l'essentiel hybrides rechargeables. La Sanef est à 63% et Spie, société française spécialisée dans les domaines du génie électrique, est à 61%. Il s'agit presque uniquement de véhicules électriques. Léo Larivière souhaite faire évoluer la loi. Elle permet aujourd’hui d’intégrer des véhicules hybrides rechargeables dans les fameux 10% : "On a le recul des dernières années et on sait que le véhicule hybride rechargeable n'est pas du tout un véhicule vert. C'est un véhicule qui consomme du carburant qui coûte cher", a-t-il expliqué.

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