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Face à l'érosion des côtes, Lacanau envisage la relocalisation de la ville dans les terres

Située en Gironde, la ville balnéaire réfléchit à déplacer 1 200 logements et 120 commerces du front de mer à l’intérieur des terres après 2050.

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'enrochement reconstruit après les tempêtes de l'hiver 2013-2014, une bande de sable surélevée a été créée pour conserver un morceau de plage à marée haute. Lacanau (Gironde), le 9 décembre 2020 (JEROME JADOT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Cinq ans après la signature de l'accord de Paris qu’a-t-on fait pour limiter le réchauffement climatique et ses effets ? Avec notamment la question de la montée des océans, qui se ressent très concrètement sur la côte Atlantique. À Lacanau, en Gironde, une des pistes envisagées face à l’avancée de la mer vise à relocaliser toute une partie de la ville. Difficile à croire pour certains, même si on s’y prépare.

L'océan gagne environ deux mètres par an

Pour constater l’avancée de l'océan, Greg est aux premières loges. Son bar est posé sur le front de mer. "L’océan tape dans les rochers du front de mer de Lacanau, ce qui n'était pas le cas avant, explique-t-il. Maintenant, les escaliers sont mouillés tous les jours." Un océan qui gagne environ deux mètres sur la terre chaque année, face à cela Lacanau se protège avec un enrochement bientôt renforcé et une option plus radicale envisagée après 2050 : déplacer 1 200 logements et 120 commerces du front de mer à l’intérieur des terres. "Quand on parle de 1 200 logements cela peut paraitre totalement fou, reconnaît Eléonore Geneau, chargée de mission Littoral pour la commune. Mais quand on est face à l'urgence d'un ouvrage qu cède et qu'on doit déguerpir, je pense que c’est aussi fou."

"Est-ce que la première folie n'a pas été de construire sur la dune ?"

Eléonore Geneau, chargée de mission Littoral à Lacanau

à franceinfo

Pour le moment cette "relocalisation" d’un quartier d'environ 1 km sur 250 m n’est qu’une piste. Manque d’outil juridique pour exproprier, coût estimé à plus de 300 millions d’euros… le maire MoDem Laurent Peyrondet préfèrerait s’en passer, mais il met en garde : "Ce que l'on dit aux gens qui achètent sur ce périmètre de vulnérabilité c'est aujourd'hui, vous faites un achat plaisir parce qu'on ne peut pas vous garantir que dans 30 ans, vous serez encore là. Et quand ils signent chez notaire, on leur précise bien qu'il y a un risque sur cette zone. Ça sera bien difficile pour eux de venir se faire indemniser par la suite."

Le maire MoDem de Lacanau, Laurent Peyrondet, le 9 décembre 2020 (JEROME JADOT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Des nouvelles constructions démontables

Alors sur le marché de Lacanau, cette perspective de devoir peut-être un jour partir est diversement appréciée. "La côte change mais ce n'est pas probant au point de se faire du souci, avance une habitante. De toute façon, je déménagerai pas." Alors que pour une autre : "Il va falloir reculer. Il va falloir céder à la force océanique."

Et pour ne pas compliquer les choses, toute nouvelle construction sur la zone vulnérable doit désormais être démontable. C’est le cas de l'entrepôt-container installé par David derrière son restaurant : "Il y a dedans tout ce qui est bière et limonades. La seule solution, c'était vraiment le conteneur réversible. Au cas où on doit malheureusement se déplacer demain, il suffit de prendre une grue et de déplacer où on veut." Se préparer à un éventuel départ et repenser un tourisme basé sur la baignade au pied des restaurants, la plage centrale est en train de disparaître sous la montée des eaux.

Lacanau face à la montée des eaux : écoutez le reportage de Jérôme Jadot

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