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Face aux sécheresses, le Kenya tente d'utiliser les moindres ressources en eau

Ce dimanche est la journée mondiale de l'eau. Le Kenya fait face à des sécheresses répétées, et tente de trouver des solutions en utilisant les moindres ressources en eau. L'Agence française de développement a financé la restauration du système qui alimente la ville de Mombasa, depuis les sources de Marere. Reportage.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Dans le parc de Shimba Hills © Radio France / Clara Beaudoux)

La terre est rouge, la végétation luxuriante, des baobabs s’élèvent vers le ciel, nous sommes dans le parc national des Shimba Hills, au sud du Kenya. 300 km2, 274 éléphants et un enjeu primordial : l’eau. Hamisi Salim Zira habite un village aux abords du parc, et il a vu l’environnement changer : "En 1987 quand j’étais au lycée, on avait une source, l’eau coulait, j’en avais au moins jusqu’au cou. Mais depuis 2013, cette source, cette chute, n’existe plus ", dit-il. En 2009, une importante sécheresse au Kenya a, semble-t-il, marqué beaucoup d'esprits ici.

  (Dans le parc de Shimba Hills, un ancien pipeline au second plan © Radio France / Clara Beaudoux)

Alors que l’eau se raréfie, le pays tente d’utiliser les moindres ressources disponibles. C'est d'ailleurs un des objectifs de la journée mondiale de l'eau, célébrée ce dimanche : promouvoir la gestion durable des ressources en eau. Au cœur du parc national se situent les sources de Marere. Elles alimentent la ville de Mombasa, au bord de l’océan Indien, grâce à un pipeline, un énorme tuyau qui transporte l’eau. L’Agence française de développement a financé la restauration de ce système d'alimentation en eau, pour une somme de 40 millions d'euros. 

Au Kenya, l'AFD a financé la restauration du système qui alimente en eau la ville de Mombasa, reportage Clara Beaudoux
  (Le système qui récupère l'eau au pied de la source de Marere © RF / CB)

Peu de traitement chimique et pas d'éléctricité nécessaire

Le pipeline, construit en 1916, n'avait connu aucune rénovation depuis les années 1980. Sa rénovation permet d'économiser les ressources en eau. "La qualité de l'eau est exceptionnelle, elle nécessite extrêmement peu de traitement chimique, à peine un peu de chlore ", explique Rémi Fritsch, directeur adjoint de l’agence régionale de l’AFD à Nairobi.

  (La source de Marere © RF / CB)

Il ajoute qu'une telle source pousse les gens à préserver l'environnement, à y faire attention, davantage que l'idée de protéger les éléphants par exemple, car cette eau, ils en ont besoin. Avec ce pipeline, l'eau est transmise par gravitation vers la ville de Mombasa, c'est-à-dire en suivant la pente du sol. Ce qui permet d’éviter un système de pompage, coûteux en électricité et émissif en carbone.

  (Le kiosque qui permet aux habitants de prendre de l'eau © RF / CB)
  (Fatma, 19 ans, se sert d'eau au kiosque pour le linge et la cuisine © RF / CB)

"Une goutte d’eau par rapport à un océan de besoins"

Le long du parcours du pipeline, des kiosques ont été installés, des petits cabanons munis de robinets. Ils permettent aux habitants de se servir, évitant ainsi d’éventuels branchements pirates. Et à 40 km de la source, le pipeline arrive à Mombasa. Il fournit à la ville chaque jour 10.000m3 d’eau, un quart de son approvisionnement, alors que la ville aurait besoin de 150.000m3 d’eau par jour.

Ceci est donc "une goutte d’eau par rapport à un océan de besoins ", constate Rémi Fritsch de l’AFD. "Pour pouvoir répondre aux besoins il va falloir financer des projets d'une toute autre ampleur, donc le futur projet que nous avons financé avec la Banque mondiale, c'est la construction d'un barrage sur la rivière de Mwache, d'une hauteur de 70 mètres et la construction d'une station de 120.000m3 par jour ". "Ceci étant, le système de Marere produit une eau extrêmement économique, donc évidemment c'est par là qu'il faut commencer ".

  (Rémi Fritsch, directeur adjoint de l’agence régionale de l’AFD à Nairobi © RF / CB)

Moins d'utilisation des puits donc moins de maladies

A Likoni, un quartier de Mombasa, l’eau arrive par le pipeline. Il n’y en a pas suffisamment pour tout le monde, parfois les fontaines sont à sec. En fait mieux vaut habiter en amont, là où l'eau arrive dans la ville, plutôt qu'en bas où les points d'eau sont régulièrement à sec. Certains profitent d'ailleurs de la situation : ils vont chercher de l'eau en amont, qu'ils revendent au prix fort aux habitants vivant en aval. 

  (Cette fontaine dans le quartier de Likoni est à sec © RF / CB)

Mohamed Karimjee appartient à une organisation qui sensibilise à la question de l’eau dans ce quartier. Et il constate tout de même des améliorations : "Avant on devait prendre l’eau des puits. Et comme les gens n’ont pas de toilettes, ils font juste dans des trous, quand la pluie arrive, tous les déchets retournent dans les puits, et au final cela apporte des maladies ", explique-t-il. Selon l'ONG Solidarités international qui a publié son premier baromètre de l'eau il y a quelques jours, 2,6 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées à l'eau, notamment choléra ou hépatites, et la moitié a moins de 15 ans.

  (Dans le quartier de Likoni, une femme à sa fenêtre regarde le convoi de journalistes : le réchauffement climatique ? "Il y a beaucoup de soleil maintenant, il fait très chaud, ce n’était pas comme ça avant". © RF / CB)

Face à la multiplication des sécheressess, l’enjeu des ressources est donc de plus en plus grand pour le Kenya. Face à l'accroissemenent de la population aussi, "on court après le temps ", indique la responsable pour le ministère de l'Environnement du comté de Mombasa. Le secrétaire principal du ministère ajoute, inquiet : "la troisième guerre mondiale pourrait être causée par le manque de ressource en eau ". Selon les Nations unies, d'ici 10 ans, plus d'un tiers de la population mondiale sera exposé à des pénuries d'eau.

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