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Reportage Le calvaire des habitants de Pennsylvanie qui vivent près des puits d'extraction de gaz de schiste : "c'est quoi ce bruit ?"

Pour faire face à un hiver incertain du point de vue énergétique, l'Europe achète pour la première fois du gaz de schiste aux États-Unis. Mais dans les zones de "fracking", les habitants sont en souffrance.

Article rédigé par Sébastien Paour
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une foreuse à gaz de schiste à la sortie de Waynesburg, en Pennsylvanie, le 13 avril 2012. (MLADEN ANTONOV / AFP)

"Ce qu'on voit, c'est un type de plateforme. Je ne sais même pas à quoi elle sert. Il y a aussi en bas cette immense piscine pleine d'eau", explique Shakira Johnson. Cette Américaine s'est installée au milieu des collines cosy du canton de Fallowfield en Pennsylvanie aux États-Unis, en 2019, avant de découvrir au bout de sa route des citernes et des tuyaux. Il s'agit d'une zone de "fracking" - fraction hydraulique, en français - pour prélever du gaz de schiste.

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Auparavant, les États-Unis ne recevaient pas de commandes en provenance de l'Europe. Mais depuis la guerre en Ukraine et la Russie qui baisse son approvisionnement en gaz, le vieux continent se retrouve sous la menace d'un hiver ponctué de coupures d'électricité. L'Europe a donc décidé d'importer du gaz de schiste américain.

Le "fracking" est interdit en France

La Pennsylvanie est l'État qui produit le plus de gaz de schiste, notamment par le "fracking". De l'eau mélangée à des produits chimiques et injectée à haute pression dans la roche en sous-sol pour la fracturer et en extraire pétrole et gaz.

Une technique interdite en France qui bouleverse le quotidien de Shakira depuis le premier jour. "Je me suis dit c'est quoi ce bruit, raconte l'Américaine. Et c'est là qu'on a découvert qu'ils étaient en train de fracturer, juste en bas, à 400 mètres de ma maison. On l'entend, on le sent et on le ressent." Shakira veut aujourd'hui déménager à Pittsburgh. Elle dit qu'au moins en ville, on ne peut pas faire de fracturation hydraulique.

Un dédommagement dérisoire

Le garagiste Jack O'Neill a aussi un puits d'extraction derrière chez lui depuis neuf ans, sur un terrain qui appartient au Comté. Le dédommagement pour les dizaines de camions de la compagnie gazière EQT, qui empruntent le chemin le long de sa maison, est maigre. "Voilà ce que EQT me paie sur un puits. Voilà ce que je gagne sur onze mois. Les Royalties sur le gaz : 2,79 dollars", détaille Jack. "Je m'enrichis avec ça je peux le dire, ironise-t-il. C'est une blague."

Un mensonge de plus autour de l'extraction du gaz de schiste pour Lois Bower-Bjornson, responsable de l'ONG environnementale Clean Air Council pour le sud-ouest de la Pennsylvanie. "On nous a dit pendant presque deux décennies que ça allait permettre l'indépendance énergétique de l'Amérique", rappelle la militante.

"Si nous sommes indépendants énergétiquement, alors comment pouvons-nous être en guerre en Ukraine en ce moment ?"

Lois Bower-Bjornson de l'ONG Clean Air Council

à franceinfo

Les États-Unis, premier producteur de gaz au monde, sont aussi devenus premier exportateur depuis le début de la guerre en Ukraine, notamment vers l'Europe, qui jusqu'ici n'avait jamais acheté de gaz de schiste américain.

La vie à côté des prélèvements de gaz de schiste aux Etats-Unis - reportage de Sébastien Paour
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