: Vidéo Karima Delli, eurodéputée et présidente de la commission du transport et du tourisme : "La taxe kérosène est une nécessité de justice !"
Invitée de Stéphane Dépinoy dans ":L'éco", Karima Delli, eurodéputée EELV et présidente de la commission du transport et du tourisme du Parlement européen, s'exprime sur le verdissement du discours politique, sur la création d'une taxe kérosène, ainsi que sur l'avenir du MERCOSUR.
Karima Delli est eurodéputée EELV et présidente de la commission du transport et du tourisme du Parlement européen.
"Alors que pensez-vous du verdissement du discours (politique, NDLR) ?", interroge Stéphane Dépinoy. "L'écologie a-t-elle le vent en poupe ?"
"Il y a une conscience écologique et on a un peu gagné la bataille culturelle. Maintenant, les paroles, c'est bien, les actes, c'est mieux. Pourquoi ? Parce qu'on a dix ans pour retourner la courbe des températures et maintenir la planète à 1,5 degré, et on est dans une très mauvaise trajectoire, même ici en France", répond Karima Delli.
À propos de la possible création d'une taxe sur le kérosène (le carburant des avions) pour essayer de limiter les gaz à effet de serre, l'eurodéputée à la tête de la commission en charge des questions ayant trait au développement d'une politique commune des transports explique : "La taxe kérosène est une nécessité de justice ! Le mouvement des "gilets jaunes" a montré qu'on avait justement une taxe carburant sur les voitures. Aujourd'hui, il y a une grande honte, c'est que la taxe kérosène est un paradis fiscal, c'est-à-dire que c'est le dernier carburant qui n'est pas taxé."
La députée européenne poursuit : "Comme les paradis fiscaux, cela nous prive de recettes pour investir dans des choses intelligentes : plus de petites lignes de train, des trains de nuit, des pistes cyclables, des transports publics... Autrement dit, faire en sorte que la mobilité durable soit notre priorité".
Karima Delli rapporte que la Commission européenne a justement réalisé une étude à ce sujet. Selon cette étude, si l'on taxe de 0.33 centimes le litre de kérosène, ce sont "27 milliards d'euros" en plus dans le budget de l'Etat.
Pour cette raison, elle annonce que si la Commission européenne ne prend pas en compte cette priorité, alors elle ne votera pas pour cette commission.
L'eurodéputée rappelle également que "l'aviation est 40 fois plus polluante que le train". Son objectif ? Relancer le fret, notamment le train de fret primeur Rungis Perpignan, afin d'éviter "25 000 camions de plus sur nos routes".
Concernant le MERCOSUR, un projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et l’union sud-américaine, Karima Delli souligne que "les écologistes tirent la sonnette d'alarme depuis des mois pour dire que cette accord de MERCOSUR est mauvais pour la santé, mauvais pour nos assiettes, mauvais pour nos emplois, pour nos agriculteurs, mauvais pour la planète. C'est un accord climaticide !". En juin, les 27 chefs d'Etat ont pourtant considéré qu'il s'agissait d'un "bon accord". L'eurodéputée explique qu'elle fera tout pour l'enterrer.
"Voulons-nous du libre-échange ou du climat ?", questionne ensuite Karima Delli. "Il est grand temps de revoir les accords commerciaux".
Pour finir, la présidente de la commission du transport et du tourisme du Parlement européen a défendu Greta Thunberg, la jeune militante suédoise de 16 ans devenue égérie de la lutte contre le réchauffement climatique. "Derrière ces critiques, qui sont d'une rare violence contre Greta Thunberg, se cache le retour du climatoscepticisme, majoritairement masculin".
"Greta Thunrberg est une éveilleuse des consciences et on devrait juste la remercier humblement", conclut Karima Delli.
L'interview s'est achevée sur "People Have The Power" de Patti Smith.
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