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Inondations dans les Alpes-Maritimes : aurait-on pu éviter un tel drame ?

20 morts, c'est le dernier bilan des intempéries qui ont touché le littoral des Alpes Maritimes ce samedi soir. Des intempéries d'une rare violence. Les intempéries étaient pourtant prévues et les risques d'inondations connus, alors à qui la faute ? France Info tente de comprendre.
Article rédigé par Alice Serrano
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (A Biot, les habitants et des bénévoles ont commencé le nettoyage dès dimanche matin © MaxPPP)

Alors que le bilan provisoire fait état de 20 morts dans les Alpes-Maritimes et probablement des centaines de millions d'euros de dégâts matériels, des questions se posent. Les torrents de boue qui se sont déversés sur Biot, Mandelieu-La Napoule ou encore Cannes, étaient-ils prévisibles ? Et les risques pour les habitants de cette zone avaient-ils été correctement évalués ? Deux jours après le drame, tout le monde tente de trouver des réponses.

​Y-a-t-il eu un déficit de prévision météo ? 

Les fortes intempéries étaient prévues puisque Météo France a émis une vigilance Orange. Ce qui signifie fortes précipitations et possibles inondations, débordements des réseaux d'assainissement et coupures d'électricité. On s'attendait donc samedi soir à des orages importants. Mais ce qui a surpris, c'est leur intensité à certains endroits, concède Cyrille Honoré, directeur adjoint des services météorologiques de Météo France. "On n'a pas été capable de voir le côté 'explosif' de cette masse orageuse" explique-t-il.

"On est là dans une zone densément habitée avec une exposition aux risques importante" Cyrille Honoré, Météo France, au micro d'Alice Serrano
Météo France avoue être démunie face à ce type de situation. Elle n'a pas les outils techniques pour localiser au kilomètre près les intempéries et en déterminer précisément l'intensité. 

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 Si, ce sont les fameux PPRI : les plans de préventions aux risques d'inondations. C'est une sorte de cahier des charges imposé aux communes à risques par la préfecture. Ils ont été rendus obligatoires il y a 20 ans sauf que toutes les communes ne les appliquent pas, comme le montre ce document de la Préfecture des Alpes-Maritimes datant de 2013 (à retrouver en bas de page).Ensuite, ils prennent souvent en compte les crues et plus rarement le phénomène de ruissellement et c'est précisément ce phénomène qui s'est produit à Mandelieu, Biot ou Cannes. Il est propre aux zones urbaines. Qu'est-ce qu'un phénomène de ruissellement ?

L'eau ne peut pas s'infiltrer dans les sols, recouverts de béton et de goudron. Elle n'a aucun moyen de s'évacuer sauf à couler dans les rues et sur les terrains en pente. L'eau de pluie se transforme alors en seulement quelques secondes en énorme vague. 

 Ce phénomène de ruissellement on le gère plutôt mal en France dénonce Stéphanie Bidaut, directrice du CEPRI, organisme qui informe les collectivités sur les risques d'inondations. "On manque de cartographie très fine sur ces phénomènes" souligne la spécialiste. 

"On a besoin que cette question (du ruissellement) devienne centrale" Stéphanie Bidaut, directrice du CEPRI
C'est un phénomène qui a déjà touché les trois quarts des communes françaises sur les 30 dernières années. Et pourtant le message ne passe pas aux habitants des zones à risques.

"On arrive pas à traiter cette question en dehors des événements dramatiques" Stéphanie Bidaut
Rappelons quand même que les inondations constituent le premier risque naturel en France, un quart d'entre nous est concerné.

Cette prévention devrait se faire à tous les échelons ?

Au niveau national, régional, départemental mais aussi local, ce sont aux élus de respecter le PPRI, à eux d'alerter leurs administrés en cas de menace.

 Richard Strambio est maire de Draguignan, commune qui avait été durement touchée en 2010 par de fortes intempéries. Depuis il a pris des mesures pour mieux préparer sa ville à ce genre de phénomène : construction de bassins de rétentions, refonte du réseau d'écoulement des eaux, mais aussi prévention auprès des habitants. 

"Ça passe par SMS immédiatement" - Richard Strambio, maire de Draguignan
Les écoliers et collégiens de Draguignan apprennent aussi les bons gestes en cas de catastrophe. Richard Strambio compte maintenant introduire des formations dans les conseils de quartier. 

  (Etat d'avancement des PPR Inondation dans le départements des Alpes-Maritimes © Capture d'écran, Direction départementales de l'Equipement Alpes-Maritimes)
 

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