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La conférence sur le climat a "pris note" samedi matin de l'accord contre le réchauffement climatique conclu la veille

La déclaration négociée par les Etats-Unis avec quelques pays émergents n'a donc pas été formellement entérinée par les 193 pays présents. Elle était contestée par un certain nombre d'entre eux.La conférence a mis fin à ses travaux samedi après treize jours de débats, et un accord à minima dont le texte fait trois pages à peine.
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Le sommet de Copenhague (F2)

La déclaration négociée par les Etats-Unis avec quelques pays émergents n'a donc pas été formellement entérinée par les 193 pays présents. Elle était contestée par un certain nombre d'entre eux.

La conférence a mis fin à ses travaux samedi après treize jours de débats, et un accord à minima dont le texte fait trois pages à peine.

Ce texte fixe comme objectif la limitation du réchauffement planétaire à 2 degrés, mais sans engagement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les pays présents à Copenhague "ont trouvé un moyen de donner une reconnaissance officielle à cet accord d'une manière telle que ceux qui étaient contre ont été persuadés de ne pas s'y opposer", résume David Doniger, expert au Centre climat du Natural Resources Defense Council (Etats-Unis), cité par l'AFP.

"Ce n'est peut-être pas tout ce que nous espérions, mais cette décision de la conférence des parties est une étape essentielle", a estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, après deux semaines de tractations chaotiques, un sommet à 130 chefs d'Etat et une nuit de débats acides.

Barack Obama et Nicolas Sarkozy avaient annoncé vendredi soir, un peu vite, un accord. Cette déclaration politique associait 28 pays.

Le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, qui présidait les travaux, estimant que le consensus était loin, avait choisi de soumettre à la conférence plénière cet accord négocié entre les Etats-Unis et les grandes puissances émergentes. Pendant toute la nuit, les délégués s'étaient exprimés. Plusieurs pays en développement y étaient opposés.

La déclaration appelle à la conclusion d'un accord complet d'ici à la fin 2010.

Des pays en développement opposés à l'accord
Des pays comme le Venezuela, le Soudan ou Tuvalu, un petit Etat insulaire du Pacifique, menacé d'être englouti par la montée des eaux, ont affiché leur hostilité au texte mis au point par les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil. La Bolivie, Cuba et le Nicaragua, ont aussi dénoncé avec colère un projet qui ne permet pas, selon eux, de répondre au défi du changement climatique.

Or, pour devenir un pacte de l'Onu, l'accord devait être approuvé par l'ensemble des 193 pays participant à la conférence de Copenhague.

Les opposants à ce projet, dont les principaux points sont de réaffirmer l'objectif de limiter la hausse des températures à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle et d'offrir la perspective de 100 milliards de dollars d'aide annuelle aux pays pauvres à partir de l'année 2020, le jugent trop vague et insuffisant.

De leur côté, les ONG dénoncent l'indigence d'un document qui ne fixe aucun objectif chiffré contraignant à 2020 ou 2050 ni un calendrier pour la signature d'un traité.

L'Union européenne elle-même ne s'est résolue à soutenir l'accord qu'avec réticence, à l'image de la chancelière allemande Angela Merkel qui a parlé d'une "décision difficile".

Un accord "significatif", pour Obama
Un accord "significatif" et "sans précédent" sur le climat a été obtenu vendredi soir à Copenhague mais les progrès enregistrés dans la capitale danoise sont "insuffisants", a affirmé vendredi le président américain Barack Obama. Un accord légalement contraignant sera "très difficile" et prendra du temps, a-t-il averti.

Il a précisé que chaque pays formulerait ses objectifs propres en matière d'émission de gaz à effet de serre.

Nicolas Sarkozy a indiqué qu'une autre confèrence aurait lieu dans six mois à Bonn (Allemagne) pour préparer la prochaine conférence climat de Mexico fin 2010.

Pour sa part, le président français a estimé que l'absence de l'objectif de 50% de réduction des émissions d'ici 2050 constituait une "déception".

"L'engagement collectif des pays industrialisés est d'apporter des ressources nouvelles et supplémentaires" aux pays les plus vulnérables d'un montant total de 30 milliards de dollars, selon le projet de déclaration adopté vendredi soir dont l'AFP a obtenu copie. Les Etats-Unis se sont engagés à verser 3,6 milliards de dollars.

Mais les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés à l'horizon 2020 ne seront décidés qu'en janvier, selon des diplomates. La limite de réchauffement prévu dans le document est de deux degrés, ce qui correspond à l'objectif affiché de la conférence sur le climat.

Les négociations débutées depuis 12 jours butaient sur l'épineuse question de la répartition des efforts pour contrer le réchauffement. Washington et Pékin notamment s'opposaient sur ce point.

Réactions

Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a estimé samedi sur France 3 que l'accord a minima marquait "le début d'un processus qui va être compliqué", mais qu'on est "est passé à côté du désastre absolu".

La secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno, déplore "l'attitude totalement fermée de la Chine et de l'Inde". Dans une interview au Journal du dimanche, elle analyse qu'"il saute aux yeux que le système de l'ONU tel qu'il est est obsolète".

Pour sa part, l'UMP a soulgné "les limites" du pouvoir Onusien

De son côté, le Parti socialiste indique que cet accord se résume à "un catalogue de bonnes intentions". Selon Aurélie Filippetti, secrétaire nationale en charge des questions énergétiques, "l'absence de l'objectif de 50% de réduction des émissions de gaz a effet de serre d'ici 2050 est un échec lourd de conséquences".

Dénonçant un "lamentable fiasco", les Verts ont estimé que "Le résultat est aussi désespérant que les enjeux étaient d'importance. La Chine et Obama sont les coupables numéro un, mais l'Europe a péché par sa désunion et son absence de leadership",



Les principaux émetteurs de gaz à effet de serre (infographie animée)

L'effet de serre ? (infographie animée)

L'accord de Copenhague

L'accord a minima trouvé vendredi soir à Copenhague est issu des discussions menées par 26 pays industrialisés et émergents, mais elle est essentiellement le fait des Etats-Unis, de la Chine, de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du Sud. L'Union européenne elle-même a été écartée des dernières tractations.

Le texte affirme l'objectif de limiter à 2 degrés la hausse de la température par rapport à l'ère pré-industrielle. L'idée d'un traité contraignant est repoussé à fin 2010.

Le texte ne reprend ni l'objectif global de réduction des émissions de CO2 de 50% d'ici 2050, rejeté par la Chine et l'Inde, ni l'idée d'une Organisation mondiale de l'Environnement - deux points défendus jusqu'au bout par les Européens.

En l'absence d'une instance de contrôle, les Chinois refusant toute intervention extérieure, les économies émergentes feraient le bilan de leurs efforts et en rendraient compte aux Nations unies tous les deux ans. Des contrôles internationaux sont prévus pour répondre aux exigences occidentales de transparence mais le texte garantit le "respect de la souveraineté nationale".

Le projet reprend l'idée d'un fonds de 10 milliards de dollars par an en 2010-2011-2012 pour faire face aux besoins des pays pauvres et affirme la nécessité de porter cette aide à 100 milliards par an à partir de 2020. Les Etats-Unis ont obtenu que les contributions nationales pour 2010-2011-2012 puissent suivre une pente croissante plutôt que d'être la même chaque année.

Sur la protection des forêts, le projet prévoit des mesures "incitatives" pour la financer, avec des fonds des pays développés. Quant au principe d'un marché de crédits carbone, il est seulement évoqué.

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