Le bio rattrapé par la crise
La croissance du marché des produits alimentaires bio en Europe fléchit sans entraver les perspectives à long termeLa croissance du marché des produits alimentaires bio en Europe fléchit sans entraver les perspectives à long terme
Signe le plus spectaculaire de ce ralentissement: l'Allemagne.
Le leader européen du secteur, avec 6 milliards d'euros de chiffre d'affaire réalisé en 2008, a enregistré une baisse des ventes d'environ 4% depuis le début de l'année 2009, après des années de croissance à deux chiffres.
Ce chiffre, qui resort d'une étude de la société GFK sur les habitudes de consommation de 30.000 ménages, est supérieur au recul du marché global de l'alimentaire (-2,4%) sur la même période, mesuré par l'Institut fédéral allemand de la statistique.
Idem au Royaume-Uni. L'association britannique Soil mentionne dans son rapport annuel, que si 2008 s'était achevé sur une hausse de 1,7% globale des ventes de produits alimentaires bio, à 2,4 mds d'euros environ, le dernier trimestre avait été marqué par "une chute sensible".
La crise a donc fini par rattraper ce marché florissant, obligeant les consommateurs à faire des arbitrages, même s'ils ne se détournent pas pour autant totalement des produits écologiquement vertueux.
La chaîne française de magasins bio française Biocoop, qui compte plus de 300 établissements, relève aussi un "changement du comportement de sa clientèle" en faveur de "produits génériques, de produits en vrac et de produits en gros conditionnements", a expliqué à l'AFP le porte-parole, Chloée de la Simone.
La guerre des prix en Allemagne, qui tire vers le bas le coût de nombreux produits alimentaires ces derniers mois, a également entraîné une baisse des prix pour le bio, relève GFK, mais dans une moindre mesure, aggravant le différentiel en faveur de l'alimentation traditionnelle.
L'optimisme reste de mise
Le site web de référence www.organicmonitor.com prévoit ainsi une croissance du marché mondial sur 2009, même si elle se ralentit. Johan Reyniers, porte-parole de la Commission européenne en charge de l'Agriculture, précise que l'UE s'attend à une hausse comprise entre 3 et 5%, certes assez loin des résultats à deux chiffres constatés par le passé. "Au sein de l'UE, le marché est très fragmenté, et cette moyenne ne donne pas la mesure des situations très variées", tempère-t-il. Les marchés d'Europe du nord devraient ainsi encore fortement progresser, comme la Suède qui affiche un étonnant +35% sur le premier trimestre 2009, selon une étude Nielsen, ou encore la France, qui avait réalisé +25% en 2008, selon les chiffres de l'Agence BIO, chargée de la l'information et la promotion des produits biologiques.
La principale marque suédoise de bio, Krav, n'exclut pas que la récession finisse par avoir un impact sur les ventes mais "pour l'instant, nous ne voyons aucun effet". "Nous pensons que le consommateur de produits bio n'est pas sensible aux prix. Il est prêt à accepter des prix plus élevés pour la qualité supérieure", commente le responsable de la communication de la marque, Jakob Falkerby.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.