"Les médias sont trop alarmistes... il y a un syndrome Tchernobyl", témoigne Thomas Bertrand qui vit à Kyoto depuis 2004
Parti étudier au Japon, Thomas Bertrand, âgé aujourd'hui de 29 ans, s'est installé à Kyoto*. Un concours de circonstances et surtout un coup de foudre pour la ville.
Il a monté et gère aujourd'hui une entreprise d'exportations de "boites à Bento"via internet. Mercredi, nous avons pu lui parler et recueillir son témoignage.
Tout d'abord comment allez-vous ? Et quelle est l'ambiance autour de vous ?
T.B. Je vais bien. Tout va bien à Kyoto. Je vis et travaille dans la même maison. Mes déplacements au quotidien sont donc limités. Mais hier, je suis allée à l'aéroport de Kansai pour mon travail justement (aéroport international le plus proche de Kyoto, ndlr) et la vie est normale ici. On est loin du drame que vivent certains sinistrés.
Internet fonctionne, mes fournisseurs travaillent. Il n'y a pas de difficultés particulières.
Bien sûr quelque chose a changé depuis vendredi mais ce n'est pas pour autant que notre vie a changé. Samedi soir, au lendemain du tremblement de terre, je suis allée chercher un DVD. Beaucoup de personnes ont fait la même chose pour se changer les idées et voir autre chose que les images du tsunami.
Certains semblent plus inquiets que nous.
Que voulez-vous dire ?
T.B. Je pense qu'il y a une incompréhension de la part des médias internationaux. Même si le Japon est aujourd'hui occidentalisé, la culture est différente. Parler de pénurie alimentaire par exemple est ridicule. Il y a des problèmes au niveau des quatre départements de la côte pacifique, là où le drame se joue, mais les 3/4 du Japon fonctionnent normalement.
Vous parlez d'incompréhension, vous avez des exemples ?
T.B. J'ai vu un article du Figaro qui parle de "Kamikazes du nucléaire". Utiliser un mot japonais pour dire ça... franchement...
Les médias sont trop alarmistes. Et en France, il y a un "syndrome Tchernobyl" avec les mensonges véhiculés à l'époque.
Sur mon blog, j'ai fait par un petit tableau comparatif des messages des Ambassades. Il y a une prise de conscience très différente selon les pays.
Faites-vous confiance aux autorités du pays pour gérer la situation ?
T.B. Je ne suis pas un spécialiste de la physique nucléaire. Mais il y a des gens sur place, experts et volontaires pour travailler. Peuvent-ils faire quelque chose ? Je ne sais pas. Je ne sais pas s'ils peuvent régler la situation.
Quel est l'état d'esprit aujourd'hui ?
T.B. Les Japonais étaient préparés à un gros séisme mais pas au tsunami, ni au problème nucléaire.
Ici, tout va bien, comme je vous l'ai dit. A Osaka aussi. Mais pour les gens de la capitale, les choses sont très dures. J'ai plusieurs amis qui n'en pouvaient plus et ont quitté Tokyo dont une personne qui avait connu le tremblement de Kobe. Elle a pris une semaine de vacances.
Mais les vrais sinistrés, ce sont les japonais des quatre départements du nord-est du Japon. Il leur manque l'essentiel.
Redoutez-vous de nouvelles secousses ?
T.B. C'est assez fréquent au Japon. Hier soir, il y a eu justement une grosse secousse mais on ne l'a pas trop sentie.
Quand à celle de vendredi, tout le monde ne pas l'a pas perçue ici.
Et vous ?
T.B. La maison n'a pas tremblé mais j'ai eu l'impression que mon cerveau vibrait et que j'allais tomber dans les pommes.
* Kyoto a été la capitale du Japon pendant plus d"un millier d"années, de 794 à 1868. Elle demeure la capitale culturelle de l'archipel. Une partie de ses monuments sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.
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