Marée noire du "Prestige" : les trois prévenus acquittés, onze ans après
Le commandant , le chef mécanicien et le directeur de la marine marchande espagnole de l'époque étaient poursuivis pour les délits "d'atteinte à l'environnement et à des espaces naturels protégés".
Onze ans jour pour jour après le SOS lancé par le Prestige, la justice espagnole a acquitté, mercredi 13 novembre, les trois accusés pour le naufrage du pétrolier, à l'origine d'une des plus graves marées noires de l'histoire. Le 19 novembre 2002, après avoir dérivé six jours dans l'Atlantique, en pleine tempête, le Prestige avait sombré au large des côtes nord-ouest de l'Espagne, provoquant une catastrophe environnementale sans précédent, qui avait souillé les côtes espagnoles, mais aussi les côtes françaises (notamment dans les Landes) et portugaises.
Un an après l'ouverture du procès, le tribunal supérieur de Galice, à La Corogne (Espagne), a acquitté le commandant grec, le chef mécanicien, grec lui aussi, et le directeur de la marine marchande espagnole de l'époque, pour les délits "d'atteinte à l'environnement et à des espaces naturels protégés". Le parquet avait requis entre 5 et 12 ans de prison contre les accusés.
Mais pour le tribunal, les deux officiers n'étaient pas en mesure d'apprécier le mauvais état du navire, qui était muni de toutes les autorisations nécessaires, et il n'a pas été démontré "qu'ils en connaissaient les déficiences structurelles". En revanche, le commandant a été condamné à neuf mois de prison pour "désobéissance grave à l'autorité", pour avoir refusé dans un premier temps de faire remorquer le navire en perdition vers le large, comme le lui demandaient les autorités espagnoles. Il échappera toutefois à la prison en raison de son âge, 78 ans.
63 000 tonnes de fuel déversées dans l'Atlantique
Le premier SOS avait été lancé le 13 novembre 2002, lorsque le Prestige, un pétrolier à coque simple battant pavillon des Bahamas, construit en 1976 et chargé de 77 000 tonnes de fuel, subissait une voie d'eau au large de la Galice. Pendant six jours, le navire, dont la coque était déchirée, avait dérivé en mer, les pouvoirs publics ayant pris la décision controversée de l'éloigner des côtes au lieu de le faire entrer dans un port pour y contenir la fuite.
Le pétrolier s'était finalement brisé en deux et avait coulé à 8 heures le 19 novembre, à 250 kilomètres des côtes, par 3 800 mètres de fond, crachant 63 000 tonnes d'un fuel épais et visqueux qui avait pollué près de 3 000 kilomètres de littoral, en Espagne, au Portugal et en France. Onze ans plus tard, il ne reste aucune trace de la catastrophe sur les plages et les rochers de Galice.
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