Sainte-Soline : "Les individus les plus violents, ce sont les forces de l'ordre", se défend un manifestant anti-bassines, condamné à 12 mois de prison avec sursis

Julien Le Guet, porte-parole du collectif citoyen Bassines non merci annonce d'ores et déjà qu'il va faire appel et regrette que Gérald Darmanin n'ait pas encore à répondre des ordres donnés aux forces de l'ordre.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines Non Merci", le 25 mars 2023. (WILLY MOREAU / FRANCEINFO)

"J'annonce d'ores et déjà que je ferai appel de la décision", affirme mercredi 17 janvier sur franceinfo Julien Le Guet, porte-parole du collectif citoyen Bassines non merci. Le militant, ainsi que deux membres des Soulèvements de la Terre ont été condamnés mercredi à des peines allant de 6 à 12 mois de prison avec sursis, pour avoir manifester contre le projet de méga-bassines à Sainte-Soline au printemps 2023, malgré les interdictions préfectorales.

franceinfo : Vous êtes condamné à 12 mois de prison avec sursis, la plus lourde peine parmi les condamnations. Comment avez-vous reçu ce jugement ?

Julien Le Guet : Malheureusement, on s'y attendait. C'était exactement les réquisitions du procureur, qui, sur ce dossier-là, est clairement la voix du gouvernement Macron. On espérait que le juge Duraffour ait compris à quel point ces bassines étaient une non-adaptation, qu'elles mettaient en péril la biodiversité, la paysannerie sur nos territoires, et le cycle de l'eau. Il n'a pas pris le sens de l'histoire. Son jugement contredit les décisions des tribunaux administratifs donnés ces derniers mois et qui nous donnent raison. Le juge Durrafour n'est pas hydrologue, il n'a pas entendu les témoignages très fouillés et argumentés de chercheuse comme Julie Trottier ou de Jean-Louis Couture. Aujourd'hui c'est un consensus scientifique qui dénonce les bassines.

Comprenez-vous les agriculteurs qui voient dans ces bassines un moyen de survie de leur culture ?

Ces agriculteurs-là pratiquent essentiellement une culture du maïs, qui est une culture tropicale, qu'on essaye de maintenir ici parce qu'elle est fortement rémunératrice, mais ne nourrit en rien nos territoires. Cette culture de maïs est utilisée pour alimenter du bétail en stabulation sous forme d'ensilage ou sous forme de grain pour du poulet de batterie. Ce n'est pas l'agriculture qu'on appelle de nos voeux.

Le juge statue aussi sur l'interdiction de manifester ce jour-là. C'est la loi qui s'est appliquée

Quand on lance des appels à manifestation, on ne peut pas présager que les préfectures vont les interdire. C'est malheureusement devenu une habitude ici : on bafoue nos libertés fondamentales de nous exprimer, de nous déplacer sur nos territoires. C'est scandaleux. Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, qui bizarrement est passé entre les mailles du filet, parlait de petite musique de la désobéissance civile. Nous sentons ici une grosse fanfare visant à nous priver de nos moyens d'action, visant à priver une partie de la population qui s'insurge contre ces projets de bassines. C'est pourquoi j'annonce d'ores et déjà que je ferai appel de la décision.

"Il est inconcevable que ce jugement de monsieur Duraffour fasse jurisprudence."

Julien Le Guet, porte-parole du collectif citoyen Bassines non merci

à franceinfo

Ce jugement doit rester dans l'histoire comme le témoignage d'un juge qui n'a pas compris ce qui se passait aujourd'hui sur nos territoires, qu'on est sur une menace de cinq degrés de réchauffement climatique dans les cinquante ans qui viennent.

Regrettez-vous que les individus qui se sont montrés les plus violents à l'époque, les black blocs, ne soient pas devant les tribunaux ?

Les individus les plus violents, ce sont les forces de l'ordre qui ont fait usage de 5 000 bombes sur des cortèges pacifiques, sur des enfants, des papis, des mamies, qui manifestaient pacifiquement. Je regrette qu'à ce jour, Gérald Darmanin, qui a donné des ordres dans ce sens-là, n'ait pas encore à répondre de ces faits-là.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.