Où se cachent les OGM dans nos assiettes ?
Une étude révèle la toxicité d'un maïs transgénique sur des rats de laboratoire. FTVi fait le point sur la consommation des aliments OGM en France.
SANTE - La consommation d’OGM est toxique. C’est la conclusion de la plus longue étude jamais menée sur le sujet, et dont les résultats alarmants ont été publiés mardi 19 septembre. Effectués pendant deux ans sur des rats de laboratoire, les travaux du professeur français Gilles-Eric Séralini révèlent que l'absorption régulière de maïs OGM NK603 (Monsanto), traité ou non avec l'herbicide Roundup, le plus utilisé au monde, augmente de deux à trois fois le risque de développer des tumeurs cancéreuses.
Passé ce constat anxiogène se pose une autre question : consomme-t-on, en France, du maïs OGM NK603 ? Ou d’autres aliments OGM ? La situation est loin d'être claire. Petite revue génétiquement modifiée de nos assiettes.
Une mention OGM à partir d’un seuil de 0,9%
Il n’y a plus de cultures génétiquement modifiées à vocation commerciale sur le sol français, car le gouvernement a de nouveau interdit le maïs MON810 en mars dernier. Mais l’importation et la commercialisation d’aliments OGM provenant de l’étranger est autorisée, sous conditions. Le maïs NK603 fait partie de ces produits importés. Pas sous la forme du maïs en boîte ou en épis que l'on achète au supermarché. Mais comme matière première qui entre dans la composition de gâteaux, par exemple. Ou comme céréale pour nourrir des animaux d'élevage.
Si le taux d'OGM dépasse 0,9% dans le produit fini (le paquet de biscuits ou le sac d'aliments pour volailles, par exemple), l’étiquetage doit le signaler. "Dans le cas des aliments OGM pour animaux, comme le maïs ou le tourteau de soja, on dépasse largement les 0,9%", signale Olivier Andrault, responsable alimentation et cultures à l'UFC-Que Choisir.
Cette réglementation européenne part du principe que les OGM ne sont pas nocifs pour la santé car, avant d’être autorisés sur le sol européen, ils ont fait l’objet d’une évaluation sanitaire. Reste que ces études sont menées sur une durée de trois mois, un délai beaucoup trop court, selon Gilles-Eric Séralini. Par comparaison, les études sur les pesticides sont menées sur deux ans.
Une trentaine de produits étiquetés OGM en France
Le seul OGM autorisé à la consommation en tant que tel est le maïs doux, mais on n’en trouve pas dans les rayons des magasins français. Plusieurs ingrédients ou additifs dérivés d’OGM (lécithine ou huile de soja, huile de colza, farine, semoule ou amidon de maïs, sucre issu de la betterave...) sont en revanche présents dans certains produits, comme les corn flakes, les biscuits apéritifs, les sauces ou les crèmes desserts.
Toutefois, selon l’association Greenpeace, seule une trentaine de produits sont vendus en France avec la mention "contient des OGM" ou "est susceptible de contenir des OGM". Il s’agit de produits de niche et d’importation : huile de soja, pop-corn, marshmallow, etc. L’ONG publie leur liste sur son site.
Toutefois, même les produits qui ne comportent pas la mention OGM peuvent en contenir, en deçà des 0,9%. Les autorités considèrent que ce taux correspond à une seuil d'innocuité. Mais la méthodologie de l’évaluation des risques sanitaires est remise en cause par les associations et certains scientifiques. Depuis le 1er juillet, un décret prévoit ainsi l'affichage d'un deuxième taux, plus bas, permettant aux consommateurs de repérer les produits qui ne contiennent pas plus de 0,1% d'OGM.
Le flou pour la viande, les œufs, le lait et le poisson
Les plantes OGM importées ou cultivées en Europe sont majoritairement destinées à nourrir les animaux d’élevage (poissons compris). Mais jusqu'au 1er juillet dernier, aucun étiquetage n'était prévu pour ces derniers ou les produits qui en sont issus.
La France, grosse productrice de maïs, importe surtout du soja, à hauteur de 5 millions de tonnes par an. Selon Arnaud Apoteker, l'expert OGM de Greenpeace joint par FTVi, "les trois quarts de ce soja sont transgéniques".
Ces OGM consommés par les animaux se retrouvent-ils indirectement dans nos assiettes et donc dans l'organisme humain ? Très peu d'études fiables ont été menées sur ce sujet. Mais dans le doute, les associations de consommateurs militent pour que la mention OGM figure sur les produits d’origine animale qui en contiennent plus de 0,9%, comme c'est le cas pour les produits d'origine végétale. Car si le sac de soja qui parvient à l’éleveur est étiqueté OGM, la viande qu'il produit, elle, ne l’est pas. Idem pour les œufs, le poisson, le lait et tous les produits qui en dérivent, comme les fromages ou les yaourts.
Le décret publié le 1er juillet corrige en partie ce flou. Désormais, les ingrédients d’origine animale qui ne contiennent pas d'OGM peuvent être étiquetés avec la mention "nourri sans OGM", en précisant le seuil : moins de 0,1% ou moins de 0,9%.
Pour tous les autres produits, le doute subsiste. Ce n'est pas parce qu'ils ne portent pas cette mention qu'ils contiennent obligatoirement des OGM. Pour aider le consommateur à se repérer, Greenpeace a réalisé un guide qui classe les aliments par catégorie, en fonction du fabricant et du distributeur. Dans ceux susceptibles de contenir des OGM figurent souvent les marques de distributeurs. A l’inverse, les produits labellisés bio offrent beaucoup plus de garanties.
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