Le lien entre pesticides et six maladies graves, dont certains cancers, se précise, selon l'Inserm
Dans une nouvelle expertise publié mercredi, l'Inserm revient sur les liens entre les pesticides, dont le glyphosate et le chlordécone, et certaines maladies.
Les pesticides à nouveau pointés du doigt. Il existe une "présomption forte" de lien entre l'exposition professionnelle à ces produits et six maladies graves, selon une vaste expertise française publiée mercredi 30 juin. Les six pathologies sont trois types de cancer (prostate, lymphomes non hodgkiniens, myélomes multiples), la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs et une maladie respiratoire évolutive, la BPCO, selon l'expertise réalisée par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Pour les quatre premières, la "présomption forte" de lien avec l'exposition professionnelle à certains pesticides avait déjà été mise en évidence lors de la précédente expertise de l'Inserm, en 2013.
L'Inserm n'a pas lui-même réalisé de mesures, mais a analysé l'ensemble de la littérature scientifique existante, soit quelque 5 300 résultats d'études. "L'objectif est d'aider les décideurs" politiques, a expliqué l'un des responsables de l'Inserm, Laurent Fleury, lors d'une visioconférence. Pour autant, les experts ne font pas de recommandations. "Aller plus loin sur ce qu'il faut recommander n'est pas notre métier ni notre objectif", a souligné l'une des expertes, Isabelle Baldi.
Les enfants exposés pendant la grossesse
Les connaissances scientifiques ont parfois évolué depuis 2013. C'est le cas pour les troubles cognitifs : on passe de "présomption moyenne" à "présomption forte" de lien avec "l'exposition aux pesticides, principalement des organophosphorés, chez les agriculteurs". Pour les "riverains de zones agricoles ou la population générale", pris en compte par "les études les plus récentes", l'expertise conclut "à une présomption moyenne". De même, la nouvelle expertise prend en compte la santé respiratoire, contrairement à la précédente : "Une présomption forte entre l'exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de bronchopneumopathie chronique obstructive et de bronchite chronique est établie".
Par ailleurs, l'Inserm confirme que "la grossesse et la petite enfance sont d'une plus grande vulnérabilité face à la présence d'un événement ou agent toxique". Chez l'enfant, l'Inserm évoque une "présomption forte" de lien entre les "leucémies aiguës" et l'exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse. Même l'exposition du père semble parfois pouvoir jouer. Il existe une "présomption moyenne" pour la "leucémie aiguë lymphoblastique" de l'enfant "en cas d'exposition professionnelle" du père "en période préconceptionnelle".
"Présomption moyenne" pour le glyphosate et le lymphome non hodgkinien
Pour les tumeurs du cerveau et de la moelle épinière, l'expertise conclut à une "présomption forte d'un lien" avec l'exposition professionnelle des parents avant la naissance. Le même niveau de présomption existe pour le lien entre l'exposition de la mère aux pesticides pendant la grossesse et "les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l'enfant", ou encore "des troubles du comportement tels que l'anxiété".
Enfin, l'expertise met un coup de projecteur sur plusieurs substances régulièrement évoquées par les médias. Tout d'abord, le glyphosate, pour lequel elle conclut "à l'existence d'un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien". Ensuite, le chlordécone, longtemps utilisé aux Antilles et aujourd'hui interdit. L'expertise confirme une "présomption forte d'un lien entre l'exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate".
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