Ouvrier agricole mort d'un cancer : sa sœur se demande "jusqu'à quand des gens vont payer de leur vie ces poisons"
Marie-Lys Bibeyran, soeur d'un ouvrier viticole mort d'un cancer, cherche à faire reconnaître la maladie de son frère comme maladie professionnelle. Elle a été déboutée par la Cour d'appel de Bordeaux jeudi.
La Cour d'appel de Bordeaux a rejeté, dans un arrêt rendu jeudi 21 septembre, la reconnaissance comme maladie professionnelle du cancer qui a causé la mort, en 2009, d'un ouvrier agricole de Gironde exposé à des pesticides durant sa carrière. Cette décision vient confirmer celle prononcée par le tribunal des affaires de sécurité sociale en janvier 2014.
franceinfo : comment avez-vous réagi à l'annonce de la décision de la Cour d'appel de Bordeaux ?
Marie-Lys Bibeyran : Je suis déçue par la teneur de la décision. Je pense à mon frère, à ma maman qui est morte il y a même pas deux mois de la maladie de Parkinson, également liée aux pesticides. Je me demande jusqu'à quand des personnes vont payer de leur vie l'exposition à ces poisons et dans cette indifférence des autorités et des juridictions.
Êtes-vous certaine que ce sont les pesticides qui ont causé la maladie de votre frère ?
La décision de la Cour d'appel dit : "Les pesticides organochlorés sont susceptibles d'entraîner un risque accru de cancer des voies biliaires". Même une juridiction reconnaît qu'il peut y avoir un lien entre pesticide et cancer. Mais on a beaucoup de choses qui jouent contre nous. Par exemple, l'employeur de mon frère a fourni une liste de produits incomplets puisque Denis a travaillé de 1984 à 2008 et l'employeur n'a fourni les produits utilisés que de 2000 à 2008. On met en lumière toute la difficulté pour le travailleur d'accéder à ce droit de reconnaissance de la maladie professionnelle.
Comptez-vous poursuivre le combat judiciaire ?
Je vais me rapprocher de mon avocat pour savoir quelle suite apporter à cette décision. Mais, il y a un combat que je mène déjà depuis la création de l'association 'Info Médocs Pesticides' et au sein de ce collectif, je vais lutter sur le terrain, auprès des travailleurs des vignes.
Pesticides : les ouvriers viticoles sont-ils "condamnés à la double peine de la maladie et du silence ?" @MLysBibeyran pic.twitter.com/5iqb2awVzH
— franceinfo (@franceinfo) 21 septembre 2017
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