Polluants "éternels" : l'usine Arkema au sud de Lyon visée par une plainte
Plus d'une quarantaine d'associations et personnes physiques ont annoncé lundi 5 juin à Lyon avoir saisi la justice pour obtenir une étude des risques sanitaires liés aux "polluants éternels", des substances perfluoroalkylées (Pfas), ou perfluorés, utilisées par l'usine Arkema au sud de Lyon. Ils souhaitent également obtenir des sanctions contre l'industriel.
Au total, 37 habitants vivant autour de la "vallée de la chimie", dont les représentants de 16 enfants, ainsi que dix associations et syndicats, ont saisi le tribunal judiciaire de Lyon le 25 mai dans le cadre d'un "référé pénal environnemental". L'objectif est qu'Arkema finance des analyses sur la population concernée. Me Louise Tschanz intente cette action pour 37 plaignants particuliers et dix ONG, dont Notre affaire à tous. "C'est vraiment essentiel de le faire, surtout les analyses sanguines, parce que c'est cela qui va prouver l'imprégnation de la population, indique-t-elle. Parce que certes, tout le monde a des Pfas, mais à quel taux ? C'est ça qui est extrêmement important. S'il y a des taux très importants chez l'enfant qui a eu un cancer des testicules, bien évidemment, on peut faire un lien de causalité."
"Il y a beaucoup de littérature scientifique aujourd'hui et on sait désormais qu'il y a six maladies avérées qui ont un lien entre les Pfas et les maladies qu'on trouve chez l'homme, notamment le cancer des testicules et les maladies thyroïdiennes."
Me Louise Tschanzà franceinfo
Les riverains réclament ces prises de sang et les plus déterminées se regroupent dans l'association Bien vivre à Pierre-Bénite, que préside Thierry Mounib. "D'après le documentaire de l'émission Vert de rage, c'est 83 fois les normes européennes, fulmine ce dernier. Et d'après les sociétés choisies par les communes pour faire une contre-expertise, en quelque sorte, il n'y a quasiment rien et donc les enfants peuvent continuer de jouer ! Nous, on veut la vérité là-dessus."
Arkema, située à Pierre-Bénite, aux portes de Lyon, a rejeté pendant des décennies des polluants éternels. L'air, le sol, les eaux sont contaminées. Depuis l'enquête de l'émission Vert de rage, en collaboration avec Envoyé spécial, les autorités ont renforcé les mesures. Elles recommandent désormais de ne pas consommer le poisson pêché dans le Rhône, en aval de Pierre-Bénite, ni les œufs des poulaillers dans 17 communes.
"Pourquoi l'Etat ne nous protège pas ?"
Serge Perrin habite Saint-Fons : "On était très contents de pouvoir offrir nos œufs bio à nos petits enfants, explique-t-il, amer. Et quand on lit le journal et qu'on découvre qu'ils sont susceptibles d'être contaminés, cela ne fait pas plaisir. On nous a demandé d'apporter ces œufs à la mairie pour les faire analyser. On aura le résultat fin juin. C'est angoissant. Pourquoi l'Etat ne nous protège pas, nous les citoyens ?"
Arkema s'est engagé à arrêter l'utilisation des Pfas d'ici fin 2024. "Cela n'annule pas l'intérêt de notre requête", disent les plaignants, étant donné la particularité de ces composés chimiques ultra persistants.
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