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Pour lutter contre la pollution, la Chine se met au vert

France Info lance ce lundi l’opération #maplanète. Une série de reportages sur les solutions pour sauvegarder la planète. Ce lundi, direction la Chine qui se met peu à peu à l’économie verte.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Les habitants de Pékin portent très souvent des masques pour ne pas respirer l'air pollué © Reuters-Kim Kyung Hoon)

La pollution est le problème numéro un en Chine. Premier émetteur de gaz à effet de serre et un des premiers pollueurs de la planète, la Chine paye aujourd'hui le prix d'une industrialisation accélérée ces dernières décennies. L'air est irrespirable dans les grandes villes. C'est le défi du 21e siècle pour le pays au 1,5 milliards d'habitants : réduire la pollution.

Les enjeux écologiques sont immenses. Et tardivement mais sûrement, la Chine se met à l'économie verte et les entreprises françaises ont une carte à jouer. C'est le constat dressé par notre envoyée spéciale sur place, Isabelle Raymond. Elle a accompagné le Premier ministre Manuel Valls lors de ses  trois jours de visite officielle dans l'empire du milieu la semaine dernière.

Sous un brouillard permanent, le trafic est dense dans le centre-ville de Pékin. Les piétons ont presque tous un masque sur le visage. Il est rare de sortir sans dans la rue selon ce jeune homme croisé pendant sa pause déjeuner. "Tous les matins quand je me réveille, je regarde par la fenêtre. Et s’il fait gris, je vérifie sur mon téléphone portable la pollution de l’air. S'il y a beaucoup de particules fines, je prends mon masque et je vais au boulot en bus ou en métro. Quand le ciel est bleu et l’air est pur, je préfère prendre ma bicyclette. Mais malheureusement ça n’arrive pas très souvent".

  (Lee Yan qui travaille bureau de Greenpeace à Pékin © RF-Isabelle Raymond)

Population en colère

La pollution chronique de Pékin est alarmante selon Lee Yan qui travaille bureau local de Greenpeace. "A cause de son industrialisation rapide et massive ces 20 dernières années, le Chine doit aujourd’hui faire face à un grave problème de pollution. Tout le monde en a conscience" , explique-t-il, "la pollution de l’air à Pékin est 20 fois supérieure aux normes internationales. Et toutes les grandes villes chinoises sont dans ce cas. La population est en colère car elle a conscience des risques pour la santé. Alors le gouvernement est obligé de prendre des mesures difficiles et d’avoir des objectifs ambitieux pour réduire la pollution".

Des mesures comme la fermeture des usines les plus polluantes autour de Pékin, ou encore la réduction de la part dédiée au charbon, dont dépend 80% de l'énergie en Chine. Une mutation synonyme de gros contrats pour le patron de GDF-suez, Gérard Mestralet qui affirme que "la façon la plus rapide de dépolluer l’air de Pékin c’est de remplacer le charbon par du gaz n’émettant aucune particule ".

Cité écolo à la française

  (Ecran digitale connectée aux nouveaux bâtiments écolos de Wangjing Soho © RF-Isabelle Raymond)

Cette transition énergétique se traduit aussi par la construction de bâtiments écolo. Exemple à Wanjing Soho dans le nord-est de Pékin. Trois tours de verre tout en rondeur, 500 mille m2 de bureaux, d'appartements et de boutiques. Le tout conçu grâce à a la technologie française. St-Gobain pour l’isolation, Schneider Electric pour le système de gestion d’énergie. Ici, on veut réduire la facture de 30%.

Dans chaque pièce, un écran digital indique la température, la pollution de l'air, la consommation d'énergie. Le patron de Schneider Electric, Jean-Pascal Tricoire n'est pas peu fier de son bijou technologique. "On se rend compte que quand on donne aux gens la notion de ce qu’ils consomment, il gagnent au moins 10% de consommation ", note-t-il.

L'eau est aussi polluée en Chine

Autre pollution, celle de l’eau. Selon le ministère de l'environnement, le contact avec la peau peut même présenter un danger dans un tiers des rivières. Pour le comprendre, direction Shanghai. C'est là que Pierre Tauzinat a signé son dernier contrat. Il est à la tête d'Enesis, une petite entreprise française qui vient de faire affaire avec la municipalité de Shanghai. "Nous allons recycler des déchets organiques issus de restauration, par exemple les bacs à graisse, pour en faire de l’énergie et de l’eau propre ". La Chine représentera un tiers du chiffre d’affaires d’Enesis cette année et 50% en 2016 alors qu’il y a quelques années, "rien du tout ", confie le patron.

Le pays a déjà prévenu qu'il atteindrait son pic de pollution autour de 2030. En attendant, avec une prise de conscience tardive mais réelle, la Chine se paye des technologies de pointe et des installations derniers cris, histoire que son développement économique ne rime plus avec un environnement sacrifié.

La Chine se met au vert, un reportage d'Isabelle Raymond pour France Info

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