Quatre choses à savoir sur le Conseil de défense écologique, cette nouvelle instance réunie aujourd'hui autour d'Emmanuel Macron
La première séance s'ouvre jeudi, avec des annonces attendues sur le climat et la biodiversité.
La majorité passe au vert à trois jours des élections européennes. Jeudi 23 mai, dans la matinée, Emmanuel Macron réunit une dizaine de ses ministres pour le premier Conseil de défense écologique. Il a pour but de faire les "choix stratégiques" pour répondre "de manière radicale" à "l'urgence climatique", avait-il annoncé le 25 avril lors de la conférence de presse organisée au terme du grand débat national. Le gouvernement compte aussi mettre en place dès juin la "convention citoyenne" composée de 150 personnes tirées au sort qui devront faire des propositions sur la transition écologique.
Franceinfo fait le point sur les ambitions de cette nouvelle instance.
Quel est son but ?
Un décret, publié au Journal officiel le 16 mai, affirme que le rôle de ce Conseil est de "définir les orientations en matière de transition écologique et s'assurer de leur prise en compte dans l'ensemble des champs d'action de la politique du gouvernement et du suivi de leur mise en œuvre". "L'idée, c'est que le Conseil ne soit pas une simple enceinte d'enregistrement, mais aussi une chambre de décisions et d'arbitrage", explique-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat, cité par Le Parisien. Plus concrètement, ce Conseil doit servir à coordonner l'action des différents ministères concernés de près ou de loin par les questions environnementales et s'assurer de leur "priorité" dans les politiques publiques, selon l'Elysée.
Qui sera dans ce Conseil ?
Le nombre de personnes présent pourra varier en fonction des séances et des questions abordées. Mais le Premier ministre et les ministres de la Transition écologique, de l'Economie, du Budget, des Affaires étrangères, de l'Agriculture, des Collectivités territoriales, de la Santé, du Logement et des Outre-mer sont des membres permanents de ce Conseil, énumère le décret du Journal officiel.
D'autres personnalités pourront être conviées en fonction de l'ordre du jour, "comme Elisabeth Borne, ministre des Transports, ce jeudi, pour aborder la loi d'orientation sur les mobilités", a précisé le ministère de la Transition écologique à 20 minutes. On ignore encore la fréquence des réunions de cet organe, même si une prochaine séance est déja prévue à la mi-juillet.
Quel sera l'ordre du jour ?
Si le menu de cette première réunion n'est pas encore officiellement connu, des premiers éléments ont été communiqués. Ce Conseil devrait ainsi aborder l'épineuse question de la Montagne d'or, ce projet minier en Guyane. Dans les starting-blocks depuis deux ans, il est critiqué par Emmanuel Macron. "De manière très claire aujourd'hui, l'état de l'art du projet ne le rend pas compatible avec une ambition écologique et en matière de biodiversité", a-t-il assuré au début du mois de mai.
Une série d'autres sujets seront sur la table, comme le renforcement des aires naturelles protégées, piste évoquée par le chef de l'Etat après sa rencontre avec les experts biodiversité de l'ONU, début mai. Le Conseil pourrait aussi proposer de freiner l'artificialisation des sols, pour enrayer la diminution des terres agricoles au profit de lotissements, fixer de nouveaux objectifs de recyclage du plastique ou préciser la future loi sur l'économie circulaire, attendue début juillet en Conseil des ministres.
Il pourrait également proposer un plan pour accélérer la rénovation thermique des logements via de nouvelles incitations, afin de compléter des dispositifs encore peu utilisés. Le CDE devra aussi faire le bilan du plan climat adopté en juillet 2017 et du plan biodiversité adopté en juillet 2018 et plus globalement assurer le suivi des programmes "verts" déjà annoncés, comme le plan vélo et le forfait mobilité prévus dans la loi mobilité. A la fin de la séance, Emmanuel Macron et le ministre de la Transition écologique François de Rugy donneront en fin de matinée une conférence de presse consacrée aux mesures décidées.
Une "bonne idée" déjà contestée
L'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, qui a démissionné en août 2018, a qualifié ce Conseil de défense écologique de "bonne idée". Mais "il ne faut pas attendre ces nouvelles instances et ces nouveaux comités pour fixer les objectifs et pour démarrer l'action parce qu'on est en 2019, on sait déjà ce qu'il faut faire", ajoutait-il en avril, rapporte Le Figaro. Yannick Jadot, tête de liste d'Europe Ecologie-Les Verts aux élections européennes, a lancé jeudi matin sur BFMTV que "la ficelle est un peu grosse". Selon lui, les responsables d'En Marche "ne veulent pas sauver le climat, ne veulent pas sauver la biodiversité, ils veulent récupérer le vote écolo".
Yannick Jadot (EELV) : La majorité "ne veut pas sauver le climat" mais "veut récupérer les votes écolos" pic.twitter.com/Vhkvvu0yC1
— BFMTV (@BFMTV) 23 mai 2019
Une manœuvre à peine voilée et assumée du côté de LREM : "Disons que ça n'est pas totalement un hasard. L'initiative n'est pas entièrement dénuée d'intérêts", concède un stratège de la macronie, cité par Le Parisien, qui explique que "les voix écolos vont compter double dans cette dernière ligne droite". Interrogée sur la tenue de ce premier Conseil à trois jours d'un scrutin électoral, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a répondu mercredi qu'il "n'aurait pas été admissible que nous tardions, alors que le président de la République nous a engagés à ce que les annonces effectuées à l'issue du grand débat puissent se mettre en œuvre rapidement".
Les autres critiques touchent le nombre d'instances pour la défense de l'environnement qui se sont multipliées ces dernières années. "A cela, il convient d'ajouter encore le Conseil national de la transition écologique, créée en 2013, ou le Commissariat général au développement durable", lancé en 2008, énumère Daniel Boy à 20 Minutes. "Cela commence à faire beaucoup d'instances et de Conseils sur la transition écologique", ajoute le politologue au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Science Po, où il travaille sur l'écologie politique. Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, craignait en avril, dans 20 minutes, que "derrière le vernis, cela sonne creux".
Plutôt que des mesures concrètes, le président annonce la création d'un nouveau comité.
— J-F Julliard (@jfjulliard) 25 avril 2019
Décidément, le temps de l'action climatique, ce n'est pas encore pour aujourd'hui...#conferencedepresse https://t.co/iIw0wp48em
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