Réchauffement climatique: l'addition sera lourde !
Les pays en voie de développement auront besoin de près de 100 milliards de dollars pour lutter contre le réchauffementLes pays en voie de développement auront besoin de près de 100 milliards de dollars pour lutter contre le réchauffement
Les données sont simples. Pour un réchauffement de 2° Celsius en 2050, les coûts de l'adaptation de 2010 à 2050 sont estimés de 75 à 100 milliards de dollars par an selon un rapport de la Banque mondiale présenté mardi à La Haye.
Commandée par les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la Suisse, cette étude vise à montrer l'ampleur de la mobilisation.
"Ce que nous essayons de montrer avec ce rapport, c'est l'urgence de faire en sorte qu'il y ait assez de fonds pour l'adaptation" au réchauffement climatique des pays pauvres, qui polluent peu mais en souffriront fortement, a souligné le ministre néerlandais du Développement Bert Koenders en recevant le rapport.
"Pour beaucoup de pays, c'est une question de vie ou de mort. Il n'y aura pas d'accord climatique à Copenhague s'il n'y a pas de financement" pour cette problématique, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
"Le débat politique va porter sur des chiffres. C'est la raison pour laquelle c'est si important d'avoir des chiffres objectifs", a-t-il poursuivi. L'aide dont ont besoin les pays en développement doit s'additionner à l'aide traditionnelle, a souligné le ministre.
Les citoyens du monde prêts à agir
Consultés simultanément samedi sur le changement climatique, plus de 4.000 citoyens de 38 pays riches ou en développement, ont jugé à 90% "urgent" de conclure un accord mondial contre le réchauffement, en décembre à Copenhague."Si l'on croyait que les questions d'environnement et de climat n'étaient qu'un problème de riches, on a ici la démonstration du contraire", commentait mardi Stéphane Hallegatte, économiste du Centre de recherche sur l'environnement et le développement (CIRED) à Paris. Il s'avoue "frappé" par cette unanimité.
A l'initiative du Danemark, une centaine de participants dans chaque pays préalablement sélectionnés et formés, se sont réunis lors de tables rondes pour répondre à un questionnaire unique et émettre leurs recommandations aux décideurs.
Selon les résultats de cette étude à l'initiative du Danemark, publiés sur le site World Wide Views ( www.wwviews.org), l'inquiétude est encore plus perceptible chez les pays en développement (80%) que parmi les mieux lotis (46%), les premiers ne cherchant d'ailleurs pas à s'exonérer des efforts à conduire.
Ainsi, les représentants des pays en développement ont considéré à 76% que leurs pays doivent s'associer aux efforts de réduction des émissions des gaz à effet de serre, au même titre que les pays industrialisés au fur et à mesure que leurs revenus et leurs émissions augmentent (49%).
Cette formulation, qui vise implicitement les grandes économies émergentes (Chine, Inde, Brésil ou Corée) reçoit l'approbation des citoyens chinois (43%) ou Indiens (53%), autant qu'Américains (49%).
Par ailleurs, les sept tables rondes organisées aux Etats-Unis, d'une côte à l'autre, montrent que les citoyens américains approuvent à 56% un objectif de réduction des émissions "de 25 à 40%" en 2020 par rapport à 1990 dans les pays industrialisés" - donc chez eux.
Un tiers (31%) seraient même prêts à viser plus de 40% de réduction, alors que l'administration Obama, sous la pression du Congrès, s'en tient à un objectif de moins 5% en 2020.
C'est sur les moyens de contenir les émissions polluantes que les positions divergent: "Tout le monde est d'accord pour sauver la planète, mais on est un peu moins nombreux quand il s'agit de payer son essence plus chère!", souligne Stéphane Hallegatte. Notamment en France.
Ainsi, à la question "Pensez vous que le prix des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) devrait être augmenté?", 36% des Français répondent non (26% des Américains), alors que 43% des participants sont pour une telle mesure dans les pays industrialisés et émergents.
Pour le climatologue français Hervé Le Treut, "Les questions qui étaient posées, à l'articulation de la science et de l'engagement citoyen, prouvent la nécessité d'impliquer les populations dans le débat. Maintenant qu'on rentre dans le dur, estime-t-il, il est temps de sortir de la simple incantation.
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